En présentant avant-hier le plan pour l'emploi des jeunes, Nicolas Sarkozy n'a pas caché la gravité de la situation. «Si on ne fait rien, ce sont entre 170 000 et 220 000 jeunes de plus qui pourraient se retrouver au chômage d'ici fin 2010. Je ne veux pas d'une génération sacrifiée», a-t-il lancé lors d'une visite au centre de formation de Véolia à Jouy-le-Moutier (Val-d'Oise). «Travaillons ensemble. Le gouvernement est totalement prêt au dialogue», a-t-il ajouté en appelant à la mobilisation des régions et des partenaires sociaux. Le plan devrait coûter 1,3 milliard d'euros et concerner plus de 500 000 jeunes, qu'ils soient diplômés ou sans qualification. Il sera financé essentiellement par l'Etat via le fonds d'investissement social, créé en février pour développer la formation. Sa conception est de facture classique : il s'agit d'activer par de nouvelles aides aux entreprises les contrats existants qui ont fait leur preuve en privilégiant deux axes : la formation et l'insertion sur le marché du travail. M. Sarkozy a néanmoins tenu à marquer sa rupture par rapport à ses prédécesseurs en affirmant «son refus du traitement social» et autres «fausses solutions». «C'est une logique d'investissement», a-t-il insisté.Priorité est donnée à la formation en alternance avec un objectif de 35 000 contrats en apprentissage supplémentaires et 30 000 contrats de professionnalisation en plus. Le chef de l'Etat a appelé à «la mobilisation des branches et des entreprises… Ce n'est pas seulement faire preuve de sens civique. Il y va de leur intérêt», a-t-il insisté en confiant à Henri Proglio, PDG de Véolia environnement, la mission de leur faire signer une «charte de l'alternance» assortie d'engagements précis. Le secteur de l'hôtellerie-restauration qui a bénéficié d'une baisse de la TVA devrait être l'un des premiers à signer. Concrètement, les entreprises qui recruteront des apprentis avant le 30 juin 2010 ne paieront pas de charges sociales, quelles que soient leur taille. Une prime de 1800 euros sera en outre accordée à celles qui emploient moins de 50 salariés. Les centres de formation devront veiller à ce que les apprentis en rupture de contrat puissent rapidement trouver un nouvel employeur. L'objectif est de porter le nombre de contrats à 320 000 (contre 285 000 signés en 2008). Stages rémunérés à partir de deux mois Les contrats de professionnalisations devraient aussi monter en puissance. Les entreprises qui embaucheront un jeune de moins de 26 ans avec ce type de contrat bénéficieront d'une aide de 1000 euros, portée à 2000 euros si le jeune n'a pas le niveau bac. L'objectif est de conclure 170 000 contrats entre juin 2009 et juin 2010 (contre 142 000 en 2008). Par ailleurs, 50 000 contrats d'accompagnement formation seront proposés aux jeunes de 16 à 25 ans inscrits à Pôle emploi ou suivis par les missions locales et 7200 places supplémentaires seront proposées dans les écoles de la deuxième chance à des jeunes faiblement qualifiés, dans le cadre d'un partenariat avec les régions. Parallèlement, M. Sarkozy a annoncé une série de dispositions pour faciliter l'insertion des jeunes dans la vie active. Les stages seront dorénavant rémunérés à partir de deux mois, et non plus trois. Cette décision s'appliquera immédiatement dans la fonction publique. Pour que les stages débouchent davantage sur un contrat à durée indéterminée, l'Etat offrira une aide exceptionnelle de 3000 euros aux entreprises qui embaucheront sous cette forme avant la fin septembre 2009 les jeunes en stage avant le 24 avril 2009. Pour les jeunes en chômage de longue durée, le nombre de «contrats initiative emploi» proposés dans le secteur marchand sera doublé (50 000 supplémentaires). Ils concerneront surtout les secteurs du développement durable et de l'économie sociale. Pour les jeunes qui n'entrent dans aucun de ces dispositifs, une enveloppe complémentaire de 30 000 contrats aidés sera proposée, prioritairement dans les collectivités locales. L'Etat les financera à hauteur de 90% durant douze mois. Pôle emploi sera chargé, au terme des contrats, d'offrir un emploi ou une qualification dans le privé.