Le tour d'Algérie cycliste est certainement une bonne chose. Depuis quelques années, il a retrouvé une périodicité annuelle, intégré le statut professionnel de l'Union cycliste internationale, et avec l'édition de cette année, est devenu le «tour le plus long du monde». Ce n'est pas vraiment une performance en l'occurrence, la cotation des compétitions internationales en la matière étant plus compliquée. Mais ce n'est déjà pas si mal pour un pays dont le sport en général, encore moins le cyclisme, n'est pas rayonnant. Et nos ambitions sportives comme nos motifs de satisfaction étant au point où elles sont, on ne va pas bouder notre bonheur. Le fait même d'organiser un «tour» cycliste et d'assurer un minimum formel pour son aboutissement «physique» est déjà une «réussite» pour une formule dont on connaît les contraintes et les exigences en matière de logistique et de savoir-faire technique. Le propos ici n'étant pas l'analyse du parcours dans son déroulement et ses résultats sportifs, il y a trois aspects, périphériques mais pas de moindre importance, qui captent l'attention du spectateur intéressé. Le premier se rapporte justement à l'intérêt qu'il aurait pu susciter. D'abord au sein des connaisseurs qui ont une quelconque passion pour ce sport. Ensuite plus largement au sein de la population qui, par hasard géographique, par proximité d'un athlète, par «patriotisme» sportif ou simplement par l'attirance événementiel. Dans tous ces cas de figure, le «tour» aurait mérité plus que de l'intérêt mais aussi de l'implication, ce à quoi se mesurent dans une large mesure l'impact et partiellement la réussite d'un tel rendez-vous sportif. Et en l'occurrence, le moins qu'on puisse dire est que l'impact populaire n'est même pas du niveau de la compétition, pas très haut mais tout de même en progression. Les dispositions techniques du parcours ne le permettaient pas et les contraintes objectives n'expliquent pas tout en l'occurrence. Un tour cycliste sans ferveur a déjà un pied dans l'échec et ce n'est pas trop dire. L'un découlant de l'autre, le deuxième aspect se situe dans le volet marketing et ce qu'on peut en attendre comme retombées économiques sur les régions traversées, comme sur le pays en général. Ce n'est pas non plus exagérer que sur ce registre-là, on était loin du compte. En dehors des quatre équipes qui portaient les dossards de Sovac, Cevital, Ooredoo et Sonatrach, il n'y a aucune démarche promotionnelle visible sur les routes et sur les escales du tour. Il reste en dernière instance la télévision pour… boucler la boucle. Partenaire à part entière de l'événement comme ça se fait dans tous les tours du monde, l'ENTV a été toute en velléités. La réalisation d'un tour cycliste est tout de même autre chose que ce qu'on est en train de voir. Les pâles images ont escamoté les paysages, les évocations géographiques et historiques ont été oubliées et les commentaires sportifs ont désespérément sombré dans l'indigence. Le tour cycliste le plus long du monde mérite tout de même mieux. Pour le prestige de l'Algérie et pour quelques attentes sportives et extra sportives, il reste décidément du travail. En attendant, le «maillot jaune» est souvent algérien, s'il faut absolument s'en contenter.