Le marché du logement promotionnel connaîtra-t-il une décantation ? Des promoteurs commencent à étaler via la presse des campagnes publicitaires sur la disponibilité de logements «haut standing». En revanche, les prix demeurent hors de portée, surtout dans la capitale. Un appartement de type F3 s'est vendu 12 millions de dinars à Birtouta. Qui dit mieux ? «Ni les banques ni ceux qui ont des sachets noirs pleins de billets ne pourront mettre une 12 millions de dinars pour un appartement de trois pièces. Avec cette somme, je pourrais acheter un lot de terrain, construire ma propre villa dans l'intérieur du pays et m'offrir une belle voiture…» C'est là le témoignage d'un collègue à la recherche d'un appartement à Alger depuis de longues années. Difficile, très difficile de trouver un promoteur pratiquant des prix intéressants, même en ces jours de crise. Dans ce domaine, le mot concurrence n'existe pas. «Les annonces de vente d'appartements via la presse, c'est une nouveauté. Avant, les ventes s'opéraient par connaissance, de bouche à oreille», tient à relever le président de la Fédération nationale des agences immobilières, M. Aouidet, contacté à ce sujet. Entre les prix pratiqués par l'Etat, notamment pour les logements de type socio-participatif et locatif allant de 2 à 2,8 millions de dinars selon le lieu d'implantation, et ceux proposés par les promoteurs privés, aucune comparaison. Le prix du LSP est multiplié par dix, et parfois même un peu plus. Le promoteur «Résidences Serbat» a décliné depuis quelques jours une offre de 50 appartements à saisir construits à Garidi 1 (Alger). En prenant attache avec le service commercial, nous avons été surpris par le niveau des prix. Un appartement de type F3 est accessible à 18 millions de dinars et le F4 dépasse les 20 millions de dinars. Si les autorités publiques ont réussi à fixer le prix du mètre carré en tenant compte de la situation des ménages, les promoteurs privés tirent leurs épingle du jeu devant l'absence d'encadrement et d'organisation du marché. Le promoteur saoudien Sidar qui a investi le marché algérien depuis 1998 a construit des immeubles de haut standing à Zéralda. Au vu de la demande enregistrée, ce promoteur a dû transformer des bureaux qui n'ont pas trouvé preneur en appartements. Un logement de catégorie F2 (studio) est vendu à 7 millions de dinars. Le président de la Fédération nationale des agences immobilières explique cette hausse des prix par le déséquilibre existant entre l'offre et la demande, notamment dans les grandes villes. Le prix du foncier est une véritable contrainte, ajoute-t-il. «Selon la règle universelle en matière de construction d'habitation, le prix du terrain représente 30% du bâti. Or, en Algérie, le prix du foncier représente 300 % du coût du logement !» constate M. Aouidet. L'accès aux terrains reste un véritable casse-tête pour les promoteurs privés, contraints à investir dans les sites d'affaires et de tourisme. A Bou-Ismaïl, région côtière, un promoteur étranger installé récemment propose des appartements conçus spécialement pour la période estivale, mais à des prix qui dépassent tout entendement. La saturation du marché immobilier n'est pas pour demain, si l'on se fie aux déclarations des promoteurs contactés. Autrement dit, les prix resteront encore élevés, sauf si l'Etat envisage une politique d'encouragement de ce créneau dans l'avenir.