Les travaux du 1er Forum des hommes d'affaires maghrébins ont débuté hier à l'hôtel Sheraton d'Alger. Cette rencontre fera date dans l'histoire de la coopération maghrébine. Des officiels et des chefs d'entreprise ont lancé un appel solennel pour la création d'une union économique audacieuse capable de peser au sein des regroupements mondiaux. Parrainée par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, la première édition du forum des hommes d'affaires maghrébins a vu la présence de hauts responsables des pays maghrébins, à leur tête le secrétaire général de l'Union des pays maghrébins (UMA), Habib Ben Yahia. Du côté algérien, on notera la participation du ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, ainsi que le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), M. Boualem M'rakach, organisateur également de ce forum. Cette rencontre a accueilli également le président en exercice de l'Union maghrébine des employeurs (UME), Hédi Djilani, et un représentant de la commission économique pour l'Afrique (CEA) faisant partie de l'Organisation des Nations unies. Devant une assistance très importante, composée de chefs d'entreprises, de P-DG de ports, de banques maghrébines et de DG de structures publiques économiques, les intervenants ont souligné respectivement l'importance d'une union économique dans la nouvelle ère de la mondialisation et de regroupements géostratégiques. Le président de la CAP a tenu à souligner à ce propos que l'édification d'un Maghreb économique "est une urgence et une nécessité absolue pour pouvoir concrétiser le développement socioéconomiques dans la région." "Ce n'est pas une simple nostalgie, mais une réelle volonté de fonder cette union (…). Nous devons trouver les moyens pour contribuer à une approche réaliste sur l'Union maghrébine", tient-il à ajouter. Le secrétaire général de l'UMA, Habib Ben Yahia, a rappelé que vingt ans se sont écoulés depuis la création de l'Union maghrébine : "Il est temps d'approfondir cette coopération et cette solidarité afin de faire face aux contraintes de la mondialisation et ses répercussions financières. Cette dynamique passe par la promotion du secteur privé. Je considère que cette réunion augure d'un bel avenir et d'un espoir certain. C'est une première étape pour instaurer un dialogue et renforcer l'économie intermaghrébine", soutient le SG de l'UMA, tout en appelant au développement de projets communs, surtout dans le secteur financier, du tourisme et du commerce. S'appuyant sur les recommandations de la Banque mondiale en la matière, l'hôte de l'Algérie a indiqué que le marché maghrébin comprend 100 millions de consommateurs. Le représentant de la directrice de la Commission économique pour l'Afrique, Mme Karima Bounemra Bensoltane, se dit prêt à contribuer à cette initiative et à fournir une assistance technique. Une étude est d'ores et déjà lancée sur les contraintes et opportunités d'affaires dans l'Union du Maghreb arabe. Cette étude sera réalisée conjointement avec la Banque mondiale. Un marché de 100 millions de consommateurs L'intervention du président en exercice de l'UME était singulière. A la tête d'une confédération tunisienne d'hommes d'affaires, Hédi Djilani est revenu sur le processus de création de l'union maghrébine des employeurs et la tenue de ce premier forum. "La question de l'intégration économique est décisive. Nous avons abouti à une analyse complète sur la création d'une union maghrébine économique en dépassant toutes les contraintes", souligne-t-il, avant de préciser que "le marché maghrébin est un potentiel fort d'un nombre de 100 millions de consommateurs". Le président de l'UME a évoqué dans ce contexte l'élaboration d'une liste de secteurs à développer en commun et les éléments de base d'une union maghrébine. Pour le patron tunisien, la création d'un pôle économique répond à plusieurs objectifs, notamment pour faire face à la mondialisation galopante. "Un travail immense nous attend", conclut-il. Dans le même ordre d'idées, le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh a plaidé pour la création d'un regroupement régional. "L'Union européenne a pris naissance d'un accord sur le charbon avant de devenir un regroupement politique et économique. Les changements géostratégiques mondiaux appellent à la création de groupes régionaux économiques", fait rappeler le ministre de l'Emploi, convaincu que la construction d'unions économiques passe d'abord par l'unification des systèmes douaniers et portuaires. "L'adhésion des pays maghrébins à la zone économique européenne devait être en commun. Malheureusement, il s'est passé le contraire. Chacun a négocié à titre individuel son intégration", a regretté le ministre du Travail. De son côté, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, a insisté sur la compétitivité des entreprises maghrébines et la complémentarité pour concurrencer les entreprises mondiales. "Je suis pleinement convaincu que les relations économiques sont appelées à se développer davantage surtout en ce moment où le monde vit une forte concurrence. La meilleure défense, c'est cette union économique maghrébine", affirme-t-il en considérant cette action comme "une contribution à la mondialisation". Parmi les recommandations de M. Temmar figure la prise en charge de la compétitivité et l'investissement dans la connaissance. "Nous avons des capacités, de l'énergie pétrolière et gazière qui nous permettent de nous projeter dans l'édification du Maghreb. Nous avons aussi une bonne assise industrielle et des capacités agricoles, touristiques et des ressources humaines de qualité", constate-t-il. A l'issue de ces interventions, les travaux du forum ont été poursuivis en ateliers comprenant des thèmes d'actualité, à l'exemple de la crise économique et les moyens de la dépasser, les champions maghrébins et les projets fédérateurs. Ce forum sera désormais annuel et itinérant. Il constituera une rencontre d'affaires et de partenariat. Pour la première édition, une déclaration commune sera adoptée et portera le titre de la "déclaration d'Alger".