Depuis fin 2008, des jeunes sèment la terreur dans les ruelles de la Casbah. Les résidents sont délestés de leur argent et de leur téléphone portable avant la levée du jour. La situation va de mal en pis.Les habitants de la Basse Casbah continuent de vivre dans l'insécurité particulièrement depuis la fin 2008. Les ruelles de la vieille ville sont ainsi livrées à des jeunes qui y font régner leur propre loi. Les agressions à main armée suivies de vols sont enregistrées quotidiennement. Chaque nuit, une personne au moins est délestée de ces biens (argent et téléphones portables). Le jour, les Casbadjis en discutent dans les cafés de la place Ibn Badis qui fait face à la mosquée Ketchaoua. Toutes les ruelles qui abritent des hammams ou des hôtels non classés baignent dans un climat de peur. C'est le cas par exemple de la rue Cheikh Qanaï (ex-rue Soudan), Tamglit et Amar El Qama. Les agresseurs opèrent la nuit ou aux premières lueurs du jour. Ils commettent leur forfait presque à la même heure et dans les mêmes lieux. Ils prennent pour cible toutes les personnes qui quittent tôt le matin leur lieu de résidence pour rejoindre leur poste de travail. Dans la longue liste des victimes, on retrouve des cafetiers, des fonctionnaires mais surtout des trabendistes. Curieusement, même les gens se rendant à la mosquée (djemaâ El Djedid et djamaâ el Kébir) sont agressés. En somme, personne n'est à l'abri. Rachid, 30 ans, originaire de Tizi Ouzou, travaille depuis deux ans comme gardien de nuit dans une entreprise publique. Chaque jour, il rentre chez lui, rue Cheikh Qanaï, entre 5 h et 7 h du matin. Jeudi dernier, il a été agressé. «Un jeune qui traîne un gros chien m'a barré la route devant l'entrée de l'hôtel. Il m'a planté le couteau dans la cuisse et m'a exigé de lui remettre tout ce que j'avais sur moi», raconta-t-il. Une fois au commissariat situé en pleine rue Che Guevara, à 200 m du lieu de l'agression, la police lui a demandé à quelle race appartenait le chien utilisé dans cette chasse. «Franchement, je n'ai pas fait attention à cela. Ce qui m'intéressait à ce moment-là, c'était d'en sortir vivant», expliqua-t-il. C'est ainsi que Rachid a sauvé sa peau, mais a perdu son portable et son argent. «Il a même pris les pièces de monnaie», plaisanta ce gardien de nuit. En tout, il a perdu quelque 800 DA (sans le portable). La veille, il avait décidé de ne plus avoir sur lui plus de 1000 DA à la fois. «C'est la deuxième fois que je me fais voler en six mois. Ces derniers jours, les descentes des jeunes voleurs sont très fréquentes», observa-t-il. C'est aussi la veille qu'un jeune Jijeli s'était fait attaquer. L'agression était des plus spectaculaires. Une fois entre les mains d'un groupe de jeunes, la victime n'arrêtait pas de crier. «Il a réveillé tous les voisins», témoigna-t-on. Normal : c'est la première fois qu'il se fait agresser de la sorte, d'autant plus qu'il vient juste de s'installer dans un dortoir de la vieille ville. Selon différents témoignages, les jeunes malfaiteurs s'en prennent d'une manière indifférenciée au premier venu. «Ce sont des jeunes amateurs de drogue. Il ne faut pas les sous-estimer. Ils sont à la fois dangereux et rusés. Ils connaissent pratiquement tout le monde dans le quartier», avertit Saïd, 50 ans, fonctionnaire dans une administration publique. Saïd réside dans la Basse Casbah depuis douze ans. Il dit avoir presque assisté à toutes les agressions commises dans la rue Cheikh Qanaï. Le problème d'insécurité est encore plus prononcé dans les rues Tamglit et Amar El Qama.