A quelques jours de la tenue de la réunion de l'Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) à Vienne, les cours de pétrole continuaient hier leur progression, ce qui laisserait présager le maintien des quotas actuels du cartel. Après avoir touché hier matin 60,75 dollars, un plus haut depuis six mois à New York, les cours se dirigeaient vers le seuil de 61 dollars le baril. En effet, le brent de la mer du Nord pour livraison en juillet gagnait 8 cents par rapport à la clôture de la veille à 59 dollars le baril. A New York, le baril de light sweet crude pour livraison en juillet (devenu depuis hier le nouveau contrat de référence) prenait 30 cents, à 60,40 dollars. Cette hausse s'explique en partie, selon les analystes, par l'anticipation d'une baisse des réserves américaines, dont le niveau très élevé pèse sur les cours. Selon une étude de l'Americain Petroleum Institute, les stocks de brut auraient perdu 4,5 millions de barils la semaine dernière. Le prix du brut était porté, également, par le repli du billet vert, qui allégeait le coût des échanges pour les investisseurs munis d'autres monnaies. L'autre motif avancé est les tensions au Nigeria. Le rythme de hausse des prix est maintenu depuis le début du mois de mai malgré les prévisions de l'Agence internationale de l'énergie à la baisse de consommation mondiale. Cette progression a été attribuée aussi à une stabilisation ou une amélioration des attentes macroéconomiques. «Le calendrier de la reprise économique est très important car les réserves sont toujours élevées, la demande reste faible et l'Opep lutte pour baisser encore sa production», a-t-on expliqué. L'AIE a estimé que la demande de pétrole va atteindre 83,2 millions de barils par jour (mbj) sur l'année, soit une baisse de 2,6 mbj par rapport à 2008. La révision à la baisse de l'AIE s'explique par des consommations plus faibles que prévu dans plusieurs régions du monde, notamment en Chine, aux Etats-Unis et en Russie. Le rapport élabore ses projections sur la base des dernières prévisions du FMI, prévoyant une contraction du PIB mondial de 1,4% cette année. Quant à l'offre, elle a augmenté de 230 000 barils par jour (bj) en avril à 83,6 mbj, en raison d'une hausse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). La consommation de brut devrait reculer de 3% par rapport à 2008 et afficher sa plus forte chute annuelle depuis 1981. La production mondiale d'or noir reste néanmoins en baisse de 2,8 mbj par rapport à avril 2008. L'offre des pays non membres de l'Opep a elle aussi progressé légèrement. Cela étant, après sept mois de réduction de leur production, lors du sommet d'Oran, les membres de l'Opep se sont montrés moins enclins à appliquer leurs baisses de quotas, selon l'AIE. L'Opep s'était engagée fin 2008 à réduire son offre de brut de 4,2 mbj. En avril, cette réduction de production était appliquée à 78% contre 83% en mars. Mais, à l'approche de la prochaine réunion de l'Opep, prévue le 28 mai, la discipline s'intensifiera entre-temps, ce qui réduirait encore la production d'un demi-million de barils par jour, avait pronostiqué le ministre de l'Energie et des Mines. «Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de réduire ou d'augmenter la production», a-t-il estimé.