La diplomatie algérienne se montre, décidément, «trop diplomatique» avec les pays du Golfe. Alors que ces derniers n'hésitent pas – les exemples sont légion – à s'attaquer à l'Algérie, les tenants du pouvoir dans notre pays ne réagissent qu'avec beaucoup de mollesse à ces attaques souvent injustifiées. C'est le cas notamment de la dernière décision du ministre saoudien des Affaires étrangères qui, selon un journal local, a classé l'Algérie sur sa liste noire des pays qui «ne fournissent pas beaucoup d'efforts pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme». Une décision qui n'a pas été démentie officiellement par les autorités du royaume wahhabite et à laquelle le gouvernement algérien n'a consacré qu'une réponse timide via un communiqué diffusé par les médias officiels. Visiblement, les pays du Golfe sont intouchables pour les responsables algériens. C'est du moins ce que l'on peut en déduire de la dernière réponse du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, à une question concernant la blacklist saoudienne. «Nos relations avec nos frères des pays du Golfe sont bonnes», estime-t-il. Au lendemain de la publication de l'information concernant la décision saoudienne, le ministère des Affaires étrangères avait affirmé qu'«il n'y avait aucun malentendu entre l'Algérie et le royaume d'Arabie Saoudite et que les relations unissant les deux pays étaient solides, séculaires et exceptionnelles». L'Arabie Saoudite, rappelons-le, a mis 11 pays, dont l'Algérie, sur liste noire, les accusant de ne pas lutter contre le financement du terrorisme et le blanchiment d'argent. Le ministère saoudien des Affaires étrangères avait envoyé une note au ministère de l'Industrie et du Commerce ainsi qu'au Conseil de la monnaie saoudienne pour les mettre en garde contre 11 Etats, dont l'Algérie, classés sur liste noire, qui ne respecteraient pas «les règles» en matière de lutte contre le blanchissement d'argent et le terrorisme. Le royaume wahhabite, accusé à plusieurs reprises d'être à l'origine, directement ou indirectement, de financement des groupes terroristes qui sèment la terreur dans le monde, a profité des nouvelle règles du Groupe d'action financière (GAFI) – qui est un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme créé par les ministères des Finances des pays membres de l'ONU – pour poignarder l'Algérie dans le dos. Ce pays a classé pratiquement tous les pays «ennemis» dans sa liste. Ainsi l'Algérie figure, dans la liste saoudienne, aux côtés de la Syrie, de la Turquie, du Yémen, de l'Iran, de la Corée du Nord et de cinq autres pays. L'Arabie Saoudite n'en est pas à son premier acte d'hostilité envers l'Algérie. Tout récemment encore, elle avait voulu empêcher un avion d'Air Algérie d'atterrir au Yémen pour rapatrier des ressortissants algériens qui fuyaient les frappes aériennes arabes contre les rebelles houthis, auxquels les pays du Golfe, notamment les Saoudiens, reprochent leur proximité idéologique avec les chiites iraniens. Là aussi, la réaction des autorités algériennes était timide. Et cela suscite des interrogations…