Ils seront installés dans les 48 wilayas L'instrumentalisation de la religion a failli détruire le pays dans les années 1990. La menace est toujours là, renforcée par la multiplication de fetwas incendiaires et de discours radicaux nécessitant une riposte de l'Etat. La riposte attendue depuis 2002, année au cours de laquelle le président de la République avait annoncé l'intention d'instaurer un conseil pour les fetwas, une sorte d'autorité et de référence religieuse destinée à constituer un rempart face à la manipulation de la religion. Cette initiative semble aujourd'hui s'approcher de la concrétisation, avec l'annonce faite par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aissa, de la réunion de la commission nationale de la fetwa en septembre. Le ministre a affirmé que la commission nationale de la fetwa se réunira en septembre prochain pour désigner 50 imams muftis qui seront répartis sur 48 wilayas dont deux au niveau central. Invité de l'émission «Daïf Essabah» de la Chaîne I de la Radio nationale, le ministre a précisé que 50 postes d'imams muftis ont été ouverts, conformément au statut des personnels du secteur des affaires religieuses et des wakfs, rappelant que le ministère avait demandé à chaque wilaya de proposer trois noms parmi les imams répondant aux conditions requises pour le poste en question. L'instance égyptienne de la fatwa a été retenue pour assurer la formation de ces imams, a fait savoir le ministre, qui a annoncé l'ouverture d'un débat au niveau du ministère sur la possibilité de bénéficier de l'expérience de certains pays arabes et musulmans dans ce domaine. La commission nationale de la fatwa regroupera, selon le ministre, des imams muftis et des secrétaires des conseils scientifiques, ajoutant que le ministère «attend la révision constitutionnelle pour connaître le statut et les prérogatives de cette instance ainsi que celles du Haut conseil islamique (HCI)». Le séjour d'une semaine du grand mufti de Syrie, pays qui connaît une déferlante terroriste similaire à celle connue par l'Algérie dans les années 1990, interviendrait dans ce cadre puisque cet homme religieux a lancé un appel aux imams algériens, les invitant à faire face aux discours extrémistes. Le grand mufti de Syrie rappelle que «les extrémistes qui se prévalent de l'Islam sont en réalité étrangers à cette religion de paix». Les fausses fetwas, souvent lancées «sur commande», servant les intérêts de certains autres Etats, sèment le chaos dans de nombreux pays, dont la Syrie et l'Irak, et menacent l'Algérie d'un retour aux années 1990. Les fausses fetwas qui qualifient de «licites en religion» les actions terroristes et font l'apologie du crime sont parfois diffusées par certaines chaînes de télévision privées, ce qui a contraint le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs à saisir l'Autorité de régulation de l'audiovisuel sur des programmes et des propos tenus sur ces chaînes par des imams et cheikhs «autoproclamés». La fetwa est une sorte de «caution» à des actions, et quand la fetwa est fausse et contraire à la religion, les pires dépassements peuvent être attendus, comme les massacres de civils et le démantèlement d'Etats. La fetwa est devenue une sorte d'arme utilisée par certains pays pour en démolir d'autres. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a précisé que chacune des 48 wilayas du pays sera dotée de son institution de fetwa et que l'Etat sera doté d'une institution nationale de fetwa qui permettra d'éviter tous les amalgames et la manipulation de la religion. Cette institution fera d'autre part face aux courants incitant au terrorisme, comme le wahhabisme et le takfirisme, dont les dégâts dans le monde se chiffrent par centaines de milliers de morts.