La guéguerre que se font les parties en conflit pour le poste de SG du syndicat n'a en fait qu'un seul objectif : se servir de la structure comme d'un tremplin pour accéder à des promotions fulgurantes, quitte à casser le complexe. C'est toujours l'embrouillamini au niveau du complexe sidérurgique d'El Hadjar. Une assemblée dite générale réunissant samedi des travailleurs grévistes de l'Ampta (ex-Tuberie sans soudure) décidait d'un retrait de confiance pur et simple au SG du syndicat d'entreprise d'ArcelorMittal Algérie, Nourredine Ammouri, et lui substituait un ex-SG, Daoud Kechichi. L'après-midi, la réaction de la direction générale du complexe ne s'est pas fait attendre puisque nous apprenions, auprès de la cellule de communication, que Daoud Kechichi a été suspendu «pour avoir incité les travailleurs à un regroupement illégal au sein du complexe, causant des troubles et ayant porté de graves atteintes à la stabilité et au pacte de stabilité social de la société». Toujours selon la même source, des poursuites judiciaires ont été engagées à l'encontre de cet ancien secrétaire général du syndicat UGTA de l'entreprise. Il est utile de rappeler que ce dernier a été écarté sans autre forme de procès par l'union de wilaya UGTA en juillet 2014, cédant ainsi,contraint et forcé, sa place à l'actuel SG en poste, Nourredine Ammouri. Ce dernier, contacté hier, se dit «serein et fort» de la confiance que lui portent la tutelle et la «majorité des travailleurs» du complexe. D'après lui, le pseudo retrait de confiance est le fait d'unesoixantaine de personnes, toutes issues de l'Ampta qui en compte 350. Ce n'est pas l'avis de ses détracteurs qui font état de la présence d'au moins 600 à 700 travailleurs lors de cette même assemblée décriéepar certains et légitimée par d'autres... En amont de cet imbroglio syndico-syndical, la grève qui paralyse depuis avril dernier l'unité de production Ampta qu'abrite le complexe. Toutes les tentatives de médiation ont échoué et il est utile de rappeler que des échauffourées ont eu lieu entre travailleurs et, n'était l'intervention de la gendarmerie, le bilan aurait été plus lourd que les huit blessés du début de ce mois d'août. Ces appétits qui éteignent les fourneaux Toujours est-il que la situation ne prête guère à l'optimisme et que les dispositions en vue de la mise en œuvre du plan de réhabilitation de la zone chaude du complexe pour lequel une enveloppe financière d'un milliard de dollars a été retenue dans la perspective de maintenir les postes de travail et d'améliorer la production d'acier liquide, restent en plan pour l'heure. La guéguerre que se font les parties en conflit n'a en fait pour but que le leadership syndical. Il faut reconnaître que ce poste de secrétaire général a été un tremplin sans précédent sur le rétroviseur des promotions fulgurantes ces dix dernières années. Promettant monts et merveilles à des travailleurs en perpétuelle quête de revalorisations salariales, plus d'un ex-SG de syndicat d'entreprise s'est retrouvé «adulé» par ses pairs... et ensuite propulsé vers des cimes diamétralement opposées à ses conditions sociales d'origine ou à ses compétences professionnelles de base. Populisme et syndicalisme, noyés dans la fange des intérêts personnels, ont mené à la députation et aux entrées politiques qui vont avec ! L'intérêt général qu'induit la responsabilité d'un leader syndical, soucieux de l'avenir pérenne des emplois existants et, pourquoi pas, de ceux à créer, n'est apparemment pas de mode au Complexe sidérurgique d'El Hadjar, commune située à quelques jets de pierres d'Annaba. Une médaille rouillée en quelque sorte, héritée d'un diktat imposé le plus souvent par des gros bras à la solde de potentats locaux… En attendant les décisions de justice, c'est donc le statu quo à l'ombre des hauts-fourneaux.