La situation qui prévaut dans ce hameau est partagée par de nombreux villages enclavés de la Kabylie. Sous-équipés, éloignés des villes relativement aisées et disposant d'infrastructures socioéconomiques et éducatives à même de satisfaire les besoins primordiaux de la population, ces villages s'éteignent à petit feu et risquent de disparaître à jamais. A l'instar de plusieurs communes de la wilaya de Tizi Ouzou, dont une bonne partie est confrontée aux phénomènes de la dénatalité et de l'exode rural, la commune d'Iflissen, ayant des limites territoriales avec celles de Tigzirt et Azeffoun, figure parmi les contrées les plus touchées. L'exemple type qui illustre le phénomène de la «désertification rurale» est, sans conteste, le village d'Iguer N'sar, dans cette commune de la Kabylie maritime. Ce village qui, il y a moins d'une dizaine d'années, comptait quelque 300 âmes, s'est vidé, au fil des années de ses habitants. Aujourd'hui, il ne compte plus qu'une quarantaine d'habitants. Le constat est terrifiant. Des demeures entières, abandonnées, sont aujourd'hui en proie aux herbes sauvages qui les recouvrent. Un constat plein de tristesse, de frayeur aussi. Au rythme où vont les choses, ce village deviendra fantomatique d'ici quelque temps. Il risque simplement de disparaître de la cartographie locale. Si la dénatalité et les mariages tardifs sont parmi les causes directes qui ont généré cette situation des plus inédites, l'exode vers les villes et des cieux plus cléments lui a donné le coup de grâce. L'exode constitue l'une des principales raisons du dépeuplement de ce village en un laps de temps relativement court. La plupart des villageois se sont installés à Tigzirt. L'émigration vers d'autres pays y est aussi pour quelque chose, puisque certains se sont installés en Europe et au Canada. D'ailleurs, même l'école primaire du village est fermée depuis belle lurette, à cause évidemment du manque flagrant d'élèves. Durant deux années, aucun élève ne s'est inscrit au niveau de cette école, ce qui a précipité sa fermeture. Pour les autres enfants, qui ne dépassent pas dix ans d'âge, ils sont contraints de se déplacer jusqu'à l'école du village le plus proche, Aït Youcef, sur une distance de six kilomètres qu'ils parcourent quotidiennement à pied, une situation qui reflète négativement sur leurs résultats scolaires. Les villageois d'Iguer N'sar, qui y demeurent toujours, dénoncent la marginalisation dont ils sont victimes. Aucune structure étatique n'existe dans ses environs. Le dispensaire est très loin, la poste aussi, le transport se fait de plus en plus rare. Pour l'alimentation en eau potable, ils ne doivent leur salut qu'aux puits et aux sources naturelles. Même ceux qui ont, par le passé, préféré rester, songent eux aussi à suivre les autres. A rappeler que la commune d'Iflissen est considérée parmi les communes ayant les plus fortes densités de la wilaya de Tizi Ouzou. Elle compte, à elle seule, plus de 20 000 habitants répartis sur 38 villages.