Rencontre à Alger sur la cybercriminalité. La criminalité, on connaît. L'informatique et internet, beaucoup moins, puisque l'Algérie reste à la traîne dans la maîtrise et l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication par rapport à d'autres pays beaucoup moins nantis. Si ça peut nous consoler, il n'y a pas que dans ce domaine que nous sommes abonnés aux mauvais classements. Nous avons l'habitude, même si on finit vite par l'oublier, avant qu'une occasion comme cette rencontre sur la cybercriminalité ne vienne nous le rappeler. Et ce ne sont pas toujours les grincheux ou rabat-joie qui s'en occupent. Paradoxalement, ce sont les «autres», ceux qui n'en ratent pas une pour nous dire que tout va bien. Même s'ils se croient toujours inspirés d'ajouter qu'on peut faire mieux et que seul Dieu est parfait, histoire, peut-être, de suggérer que nous n'en sommes pas loin. En la matière comme sur d'autres registres, c'est à leur corps défendant qu'ils nous ramènent à notre misère. En débordant sur le sujet de la rencontre d'Alger qui était pourtant bien précis, on a encore une fois recours à la fameuse du sujet de dissertation sur l'escargot où l'élève qui n'y connaissait rien a trouvé une pirouette de contorsionniste pour parler de… l'éléphant ! On n'a rien à dire sur la cybercriminalité parce qu'on est censé en être prémunis ou on n'y connaît rien ? Qu'à cela ne tienne, il y a toujours un sujet-bateau à portée de main. Internet et ses «dangers». Réels ou… virtuels, sans jeu de mots. S'agissant du rapport du net à l'enfant, il est quand même terrible qu'on entende rarement parler de cet outil technologique comme moyen d'acquisition des connaissances et d'ouverture sur le monde. Et qu'on soit d'emblée dans le pire à chaque fois qu'il en est question. On s'occupe en priorité des quelques déviations qui peuvent résulter de l'utilisation abusive du net. Viendront ensuite, quasiment à titre facultatif, les gigantesques progrès qu'il fait faire à l'Humanité, l'efficacité de ses applications dans tous les domaines d'activité, le temps qu'il fait gagner dans la circulation de l'information de rapprochement et d'échanges, son efficacité pratique… Tout ça, il n'en est qu'accessoirement question. Mais pour les «déculturation-acculturation», «perversion morale» et autres «dangers», ça y va et plutôt de bon cœur. Il est vrai que c'est nettement plus confortable de vouloir moraliser la société que de lui donner les moyens d'émancipation de son temps. Le résultat est d'ailleurs à la mesure de l'entreprise. Les vidéos qui font le «buse» sur la toile algérienne sont celles où on torture les animaux, ou on apprend aux enfants la manie du couteau ou «Chemsou» qui déverse ses âneries ou encore des poissons avec l'inscription d'Allah sur le dos. On a trop peu investi pour former des génies informaticiens qui créent des applications utiles à l'humanité, c'est normal que les héros en la matière soient dans le meilleur des cas de vulgaires hackers. Des délinquants, en attendant les criminels. Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.