Un meeting pour la paix se transforme en massacre, c'est là le triste constat fait suite au double attentat qui a visé hier, à Ankara, un rassemblement pour la paix organisé par l'opposition. Le bilan, encore provisoire, s'élève à au moins 86 morts et 186 blessés. En effet, Ankara a vécu hier une matinée sanglante. Une double explosion près de la gare centrale, au moment où les manifestants affluaient vers le lieu du rassemblement. Un rassemblement pro-kurde, à l'appel de syndicats et d'associations, pour dénoncer les violences dans le sud-est du pays, à trois semaines des élections législatives. Pour disperser les manifestants en colère, la police a tiré des coups de feu en l'air et les a repoussés. Le ministre turc de la Santé, Mehmet Müezzinoglu, a annoncé, lors d'un point de presse, que «62 personnes ont été tuées sur le coup et 24 autres sont décédées à l'hôpital», mentionnant que 186 autres personnes avaient été blessées. Au sujet des auteurs de ce double attentat, le ministère de l'Intérieur a avancé la thèse de l'«acte terroriste», sans en préciser l'origine. Les témoignages recueillis par plusieurs médias évoquent deux déflagrations avec quelques secondes d'écart. Parmi ces témoins, des membres du Parti démocratique des peuples(HDP), dont le premier responsable a déclaré : «Nous sommes face à un massacre très lourd. Une attaque féroce et barbare a été menée. C'est un prolongement ressemblant exactement à ce qui s'est passé à Diyarbakir et à Suruç (au sud de la Turquie, ndlr). «A Diyarbakir et à Suruç, un rassemblement électoral du HDP a été la cible, le 20 juillet dernier, d'un attentat-suicide attribué à Daech qui a fait 32 morts. L'unité coûte que coûte Cet attentat a fait réagir la classe politique turque qui craint pour l'unité de la Turquie. La menace d'une guerre civile est réelle, au vu du conflit kurde qui a pris une nouvelle et dangereuse dimension, suite aux récents affrontements récents entre le PKK et l'armée turque dans l'est de la Turquie. Cette situation inquiète au plus haut point les autorités turques. Le chef de l'Etat, Reçep Erdogan, condamnant cette «attaque haineuse», a estimé que les auteurs de cet attentat visaient la «Fraternité et l'avenir» de la Turquie et a rappelé l'importance qu'il accorde à l'«unité et à la paix» de son pays. Réagissant à cet attentat, les membres du Parti des travailleurs du Kurdistan, qui mènent des attaques contre les forces de sécurité turques depuis plusieurs mois ont décidé hier d'interrompre leurs actions meurtrières. L'Union des communautés du Kurdistan (KCK) a annoncé sur son site que «tenant compte des appels venus de Turquie et de l'étranger, notre mouvement a décrété une période d'inactivité pour nos forces de guérilla, sauf si nos militants et nos forces de guérilla étaient attaqués». «Pendant cette période, nos forces de guérilla ne mèneront pas leurs activités prévues et n'engageront aucune autre activité hormis celles destinées à protéger leur situation actuelle et ne feront rien qui pourrait empêcher une élection honnête», a précisé le KCK sur son site internet, sans revendiquer l'attentat survenu dans la matinée. L'UE appelle la Turquie à rester unie Par ailleurs, l'Union européenne a lancé un appel à toutes les parties turques, les incitant à rester unies contre les terroristes et les autres menaces. «Le peuple turc et toutes les forces politiques doivent rester unis face aux terroristes et contre tous ceux qui tentent de déstabiliser le pays, qui fait face à de nombreuses menaces», a souligné Mme Mogherini dans un communiqué commun avec le commissaire à l'élargissement de l'UE, Johannes Hahn. Condamnant cet attentat, le secrétaire général de l'Otan, dont la Turquie est membre, Jens Stoltenberg, a estimé qu'«il ne peut y avoir aucune justification à cette horrible attaque contre des gens qui manifestaient pour la paix». Plusieurs chefs d'Etat ont condamné cet attentat et adressé leurs condoléances au peuple turc.