Souvent considéré comme une ville spécifique sans pour autant lui faire valoir son statut réel, emprisonnée, au point de la décrire dans des clichés comme une ville conservatrice, une histoire restreinte avec ses beys de l'époque ottomane, citée également dans la culture musicale malouf, Constantine, depuis la préhistoire en remontant dans le temps, avait beaucoup à nous renseigner. C'est l'objectif du colloque organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), qui s'est déroulé du 13 au 15 octobre à l'hôtel Mariott sous le thème «Cirta, cité et territoires» avec la participation de 34 intervenants spécialisés dans la préhistoire et l'anthropologie, algériens et étrangers venus notamment de France, d'Italie, de Tunisie et du Maroc. Toutes les interventions ont été axées depuis l'époque de la Numidie où Constantine ou plutôt Cirta était la capitale, ses hommes de lettres, son ouverture sur le monde, son appareil judiciaire, notamment, dans le cadre de son statut d'ancienne capitale royale numide, de colonie chef-lieu de la Confédération cirtéenne puis de capitale provinciale, enfin ses prêtres païens et tout ce qui a trait aux coutumes. L'on a évoqué même son système hydrique avec la canalisation d'où s'alimentait la ville en eau potable à l'époque romaine. En voulant identifier l'influence extérieure de Cirta sur les territoires environnants, le Pr Youssef Aïbèche, président du comité scientifique de cette rencontre, a préconisé que Cirta, ville célèbre durant l'Antiquité, «était et reste encore une des cités les plus importantes d'Afrique du Nord». Cela est caractérisé par ses voies de commerces, depuis Samarkand, la route des esclaves qui s'étendait jusqu'à la région subsaharienne et autres avec toutes les routes qui s'entrecroisent à Cirta. Egalement capitale des autochtones berbères, pendant et après Massinissa, l'histoire est connue là-dessus, la ville ne révèle pas beaucoup de choses de la période préhistorique où les recherches ont été limitées aux quelques découvertes de traces (objets archéologiques) de la présence de l'homme sur le grand rocher. A ce titre et en marge du colloque, Bennacef de l'association des Amis du musée préfère «donner la parole à l'archéologie», estime-t-il. Pour cet adepte, connu dans la wilaya, de la discipline de l'histoire de la ville, dans toutes ses dimensions, «on tourne en boucle avec ce qui a déjà été évoqué ; nous parlons de théorie, alors que c'est sur le terrain que nous pouvons avancer». Si certains intervenants ont fait cette allusion, c'est Bennacef qui revient sur les découvertes de 1955-1960 de l'habitat punique à proximité de Sidi M'cid. Il convient pour ce passionné comme d'autres de dire que seul un travail de recherche archéologique pourra éclairer les spécialistes en préhistoire et anthropologie à dévoiler plus de secrets de cette ville que l'une des chercheuses universitaires de la ville, en l'occurrence Fatima Zohra Guechi, a qualifiée d'imprenable.