Une fédération riche mais le sport qu'elle gère a d'énormes besoins. «En raison de l'autosuffisance financière, le bureau fédéral a pris la décision de renoncer définitivement aux subventions de l'Etat. Il adresse ses vifs remerciements et sa gratitude aux autorités publiques pour leur soutien louable au développement du football national.» Il s'agit d'une partie du communiqué relatif à la réunion, de mercredi dernier, du bureau fédéral de la Fédération algérienne de football. Une sensation que cette information dans laquelle une Fédération sportive renonce à l'aide financière que lui octroie l'Etat chaque année. On savait que la FAF ne touchait plus à cet argent depuis quelques années et qu'elle se contentait de le mettre dans un compte bloqué dans une banque pour qu'il génère des intérêts. De là à voir la FAF renoncer carrément à cette aide, il y a un pas que nous n'aurions pas franchi. Il faut dire que cette démarche reste dans la logique du président de la FAF, Mohamed Raouraoua. Il y a quelques années de cela, s'adressant aux membres de l'Assemblée générale de cette Fédération, il avait déclaré que son ambition était d'amener la FAF à une autosuffisance financière jusqu'à ce qu'elle n'ait plus besoin de la subvention de l'Etat. Un sport rentable Aujourd'hui ce but est atteint mais on ne manquera pas de se demander si ce renoncement est vraiment opportun. Les caisses de la FAF sont remplies. Nul ne pourra dénier à Raouraoua le mérite d'avoir réussi une telle performance. Grâce à l'équipe nationale, il a pu faire du football un sport rentable puisque les sponsors se bousculent aux portes de la FAF. Les dirigeants de clubs devraient se servir de son exemple pour atteindre une telle autosuffisance en faisant de leurs clubs des associations sportives porteuses et rentables. Cela est une autre histoire. Ce qui nous intéresse aujourd'hui c'est ce renoncement de la FAF au financement public. Selon ce qu'on sait, cette Fédération reçoit, annuellement, 35 milliards de centimes de l'Etat dans le cadre de la refondation du football mais aussi pour la prise en charge des équipes nationales. Faut-il croire que cette refondation a été atteinte ? Absolument pas car si l'équipe nationale A réalise de bons résultats c'est parce qu'elle se base sur une ossature essentiellement composée de joueurs expatriés qui ne doivent rien au système de formation du football algérien. Cela signifie que derrière c'est le néant et nous en voulons pour preuve l'absence de ce sport dans la plupart des compétitions internationales juvéniles. Il y a aussi toutes les Ligues de wilayas démunies auxquelles un peu d'argent ferait énormément de bien. On apprend également que ce football souffre d'un déficit en entraîneurs, notamment ceux spécialisés dans la prise en charge de la formation. L'argent de l'Etat pourrait contribuer à amener la FAF à épauler les pouvoirs publics dans la réduction de ce déficit. D'autant que l'on croit savoir que les stages organisés par la FAF pour l'obtention de certains diplômes sont payants sauf pour les ex-internationaux. Un retard considérable La FAF serait aujourd'hui à la tête d'une fortune estimée à près de 300 milliards de centimes. C'est énorme, mais compte tenu du fait que le football algérien accuse un retard considérable dans le domaine de la formation, de la prise en charge des jeunes catégories, du développement, de la promotion des techniciens surtout les formateurs et de beaucoup d'autres secteurs, cette somme reste en deçà des besoins réels de cette discipline sportive sur le plan financier. Le pays traverse une crise financière et il est demandé à tout un chacun de faire preuve d'austérité et de retenue dans l'utilisation de l'argent public. La FAF renonce à 35 milliards de centimes alors que son sport connaît encore nombre de carences. C'est audacieux sachant que les lendemains risquent d'être durs pour un sport où les clubs professionnels, sa crème en quelque sorte, sont incapables de former des élites pour leurs équipes nationales.