Un hommage a été rendu, vendredi soir à la salle de la maison de la culture Malek-Haddad à Constantine, dans le cadre de l'exposition «Min el aswat ila nouba» (des voix à la nouba), à quatre grands maîtres du malouf constantinois. Kaddour Darsouni (88 ans), ou «l'enseignant des générations», a été honoré pour avoir couvé et encadré de nombreux chanteurs de malouf qui ont contribué, à leur tour, à transmettre et à pérenniser ce genre musical qui fait la fierté du Vieux Rocher. La brève apparition du vieil homme qui s'est déplacé malgré le poids des ans, a provoqué un tonnerre d'applaudissements du public présent à cette cérémonie organisée par le département Patrimoine immatériel et Arts vivants du commissariat de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe». Des hommages posthumes ont également été rendus aux chouyoukh Abdelmoumène Bentobbal (1928-2004), Abdelhamid Benlebjaoui (1911-1978) et Ahmed Rabouh alias H'maïda Zaidane (1896-1972) pour leur dévouement dans la protection du patrimoine artistique constantinois, leur rôle déterminant dans sa préservation et sa continuité. Au cours d'une table ronde animée pour la circonstance par des spécialistes et des membres des familles de ces maîtres, le parcours et les contributions de ces chouyoukh ont été mis en exergue. L'artiste Mohamed Azizi a qualifié Kaddour Darsouni (né en 1927), et qui fut d'abord chanteur avant de diriger un orchestre pendant trois décennies, de «pyramide» de la musique constantinoise. «Ce maître est l'un des rares artistes qui ont porté le flambeau de la formation des jeunes», selon Azizi qui a souligné que 90% des artistes constantinois furent des élèves de Darsouni au conservatoire. Le cheikh Abdelmoumène Bentobbal occupait quant à lui une place de choix au regard de son riche itinéraire artistique. Il avait entamé sa carrière au sein d'associations avant de créer, en 1983, avec des amis, la troupe «El Bestandjia». Le Cheikh Abdelhamid Benlebjaoui dit Erraïs, a rejoint le monde du malouf après l'obtention du baccalauréat. «Cet excellent chanteur à la voix chaude et puissante s'était distingué par la maîtrise de la langue arabe classique», selon Azizi. Ahmed Rabouh, dit H'maïda Zidane, et qu'on appela ainsi en raison de son grand intérêt pour le mode zidane, fut une référence absolue de la musique citadine à Constantine, a soutenu pour sa part le chanteur Salah Rahmani. La cérémonie a été agrémentée de morceaux de musique andalouse exécutés par la jeune troupe «El Kassantinia», sous la direction de Rabah Khattat.