Améliorer le quotidien est devenu un exercice périlleux pour les petites et moyennes bourses, notamment dans le contexte actuel d'austérité. Dépenses des ménages, subventions de l'Etat, factures d'importation… Tous les indices sont sur une courbe ascendante dès qu'il s'agit des montants consacrés à l'alimentation. Pourtant, à voir ce que mangent la majorité des Algériens, «pâtes et patates» reviennent souvent au menu. Selon une enquête de l'Office national des statistiques (ONS), 42% des dépenses des ménages algériens sont consacrées aux besoins alimentaires, alors que 20,4% sont consacrées au chapitre «logement et charges» et 12% pour les frais de «transport et communications». L'habillement et les chaussures absorbent, quant à eux, 8% de la dépense annuelle globale des ménages. Même si les besoins alimentaires occupent une bonne partie du budget des Algériens, la qualité des aliments et leurs apports nutritionnels ne suivent pas. Pis encore, ces aliments sont souvent facteurs de maladies chroniques, tels que le diabète, l'hypertension et les maladies cardiaques, selon des nutritionnistes et des associations de défense des droits des consommateurs. S'opposant à la manière dont les pouvoirs publics conduisent leur politique de subvention, les spécialistes préconisent à ce qu'on subventionne les fruits et légumes ; au lieu de subventionner la farine, le sucre et les huiles : des aliments qui sont à l'origine de ces maladies non transmissibles. Ainsi, les pouvoirs publics se retrouvent au final en train de subventionner la malbouffe et les médicaments pour traiter les maladies qui en découlent. La prolifération des fast-foods et sandwicheries n'a fait qu'accélérer le phénomène. Ces gargotes, qui n'ont pas besoin de présenter un menu à leur clientèle, proposent pour la majorité, frites, pizzas (trop salé et gras), accompagnés de sodas et jus aux taux de sucre trop élevé. A défaut de repas équilibrés, le rythme de l'inflation étant insoutenable, beaucoup d'Algériens se rabattent sur les produits pas chers. Ainsi, viandes, fruits et fromages laissent place au lait en sachet, pain et limonade. Autre paradoxe, au moment où certains mangent trop ; d'autres ne mangent pas assez. Car selon le dernier rapport de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), au moins 14 millions d'Algériens vivent sous le seuil de pauvreté, à se conformer aux standards internationaux en la matière. Selon la LADDH, les Algériens pauvres représentent 35% de la population, en se conformant aux critères définissant la pauvreté dans le monde.