La situation dans laquelle se trouve la Libye s'aggrave chaque jour davantage. Le rejet du gouvernement d'union nationale, proposé par l'ONU, par les deux Parlements et la multiplication des attentats n'augurent rien de bon pour le pays. En effet, le dernier attentat survenu à Benghazi vendredi visant une manifestation contre le projet de l'ONU de gouvernement d'union a fait de nombreux morts. Le bilan s'est alourdi, atteignant hier douze morts et trente-neuf blessés, selon Lana, l'agence de presse officielle du gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale. Des tirs d'obus avaient ciblé la manifestation sur la place El Kich à Benghazi, à l'est de la Libye. Cette attaque n'a pas été revendiquée. L'Algérie a condamné hier «avec force» l'attaque contre des manifestants libyens à Benghazi. Dans une déclaration à l'APS, le porte-parole du ministère des affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, a qualifié cette attaque de «barbare». «L'attaque barbare contre ces civils traduit les velléités belliqueuses de ses auteurs qui veulent élargir le fossé entre les différentes composantes de la société libyenne et faire avorter toute initiative à même d'unifier les rangs du peuple libyen autour d'un projet visant à faire sortir ce pays frère de la crise qui le frappe dans son entité et qui menace son existence», a-t-il soutenu. Abdelaziz Benali Cherif soutient que cette attaque survient à un moment crucial dans le processus politique engagé sous l'égide de l'ONU. «Cette escalade intervient au moment où le processus politique engagé sous l'égide de l'ONU en vue de trouver une solution consensuelle à la crise atteint une étape extrêmement sensible», a-t-il affirmé. Le porte-parole du MAE a réaffirmé le rejet de l'Algérie de toute violence, appelant tous les belligérants libyens à opter pour le dialogue. «En ces circonstances difficiles, nous ne pouvons qu'exprimer notre rejet de la violence, sous toutes ses formes, ainsi que notre condamnation du terrorisme, tout en renouvelant notre appel à toutes les parties libyennes pour faire prévaloir la voie du dialogue, en vue de surmonter les différends, préserver l'unité de la Libye et garantir la cohésion de son peuple, à travers l'édification d'institutions fortes à la faveur de la suprématie de la loi», a-t-il ajouté. En outre, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne et les Etats-Unis ainsi que la Mission des Nations unies pour la Libye (Unsmil) ont condamné cette attaque, appelant les Libyens à «rejeter la violence comme moyen de règlement des différends politiques». Dans ce contexte, et malgré le rejet du projet d'accord politique de l'ONU par les deux parlements rivaux et le Congrès général national (CGN-Parlement sortant), Bernardino Leon, l'émissaire des Nations unies pour la Libye, avait déclaré récemment que «le processus (de négociations) va se poursuivre. La solution politique est l'unique alternative (…) Le dialogue continue. Très bientôt, nous espérons que le gouvernement proposé sera à Tripoli (...). Le processus est vivant et il y aura une solution politique pour la Libye». Bernardino Leon avait annoncé que de nouvelles réunions auraient lieu dans les prochains jours. L'appel du Conseil des notables et sages En tout cas, pour le moment, aucun consensus n'a été trouvé autour du nouveau gouvernement proposé par l'ONU, la composition du gouvernement d'union – un Premier ministre (Fayez El Sarraj) et 17 ministres –, étant rejetée par les deux autorités libyennes. Après le parlement basé à Tripoli, non reconnu par la communauté internationale, et le parlement libyen reconnu par la communauté internationale à Tobrouk, c'est la rue libyenne, à travers des manifestations, qui a rejeté également la dernière version du projet d'accord politique et la composition du gouvernement d'union nationale proposés par les Nations unies. Cependant, le Conseil des notables et sages libyens estime que ces deux parlements sont responsables des conséquences qui pourraient survenir suite au rejet du gouvernement d'union et propose l'organisation d'un référendum pour décider de l'avenir des deux institutions parlementaires à Tripoli et Tobrouk et, par conséquent, constituer une nouvelle structure politique en Libye. S'adressant au Conseil de sécurité de l'ONU, les notables libyens estiment qu'il est important de «respecter le choix des Libyens, éviter de favoriser une partie au détriment d'une autre, bannir la mise sous curatelle du peuple libyen et toutes sortes de menaces de sanctions ou autres formes de chantages ayant trait notamment à une intervention militaire», allusion faite aux menaces proférées par Bernardino Leon d'aller au-delà des sanctions contre ceux qui entravent le processus de transition politique en Libye. Par ailleurs, cette situation influe fortement sur le flux de Libyens et autres Subsahariens des pays frontaliers transitant par la Libye qui tentent de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée. Hier, le Croissant-Rouge libyen a annoncé la découverte, sur les plages autour du port de Zliten à 160 km à l'est de la capitale Tripoli, de 29 cadavres de migrants et d'autres pourraient encore échouer après le naufrage de leur embarcation.