Le torchon brûle entre les acteurs politiques libyens et l'émissaire de l'Organisation des Nations unies en Libye, Bernardino Leon, accusé de jouer le "tuteur" en lieu et place de de médiateur et de facilitateur du dialogue inclusif inter-libyen. "Bernardino Leon a oublié son rôle et joue le tuteur en Libye", a déclaré Omar el-Kouiri, ministre de la Communication et de la Culture au sein du gouvernement reconnu de Tobrouk, lit-on dans les médias locaux. Désigné par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, pour trouver une solution politique à la crise libyenne, le diplomate espagnol suscite, depuis quelques jours, la colère des politiques, mais aussi de la société civile à travers plusieurs villes de Libye. En cause, ses menaces d'aller au-delà des sanctions contre ceux qui seraient tentés, selon lui, d'entraver ses efforts de paix. Conforté par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui a menacé, lui aussi, à agir contre les "ennemis de la paix" en Libye, Bernardino Leon est accusé d'"ingérence" dans les affaires internes de ce pays, ravagé par une guerre qui a commencé en 2011 et menacé aujourd'hui de disparition avec l'expansion de l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech). Interrogés par plusieurs médias, des députés libyens, issus des deux Parlements parallèles de Tripoli et Tobrouk, estiment que les déclarations de Leon ont contribué au rejet par l'Assemblée reconnue de son projet de gouvernement d'union nationale. Adel Mahfoud, un député de Tobrouk, a carrément défendu l'idée d'un dialogue interlibyen, parrainé par toutes les factions libyennes, et de s'arracher ainsi à l'autorité de l'ONU. Réagissant à la tournure des événements dans le dossier libyen, le ministre italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Paolo Gentilloni, a déclaré que la communauté internationale ne peut imposer l'accord de paix proposé par l'ONU. Selon lui, la pression de la rue libyenne est à l'origine du rejet par le Parlement de Tobrouk de la proposition de Leon de former un gouvernement d'union nationale, dont la présence d'une partie des membres choisis est décriée par la population. L. M.