Les 19 personnalités qui avaient adressé une demande d'audience au président de la République pour savoir s'il était bien l'auteur des dernières décisions se réuniront ce matin à l'hôtel Safir d'Alger, pour donner suite à leur initiative, a-t-on appris auprès de l'écrivain Rachid Boudjedra, signataire de la lettre. Ces derniers ne comptent pas se taire et abandonner leur démarche devant le silence et l'absence d'une réponse officielle des services de la présidence de la République. Craignant que la lettre ne soit pas parvenue à son destinataire, le groupe des «19» qui hausse le ton contre les partis au pouvoir adoptera aujourd'hui la démarche à suivre pour se faire entendre. Depuis que la missive adressée au président Bouteflika a été rendu publique, les «19» qui ont surpris la classe politique en créant l'évènement en ce début de mois de novembre ont été assaillis par les partis au pouvoir (FLN et RND) et le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Mais à ces derniers, ils répondent qu'ils n'étaient pas destinataires de la lettre, estimant que la montée au créneau de ces partis leur donne raison. L'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, est allée jusqu'à accuser le trio Sellal-Ouyahia-Saâdani d'avoir détourné la parole et les prérogatives du Président, notamment en répondant à sa place. «C'est le signe d'une peur panique. Ont-ils peur que le Président nous reçoive? En tout cas, ils ont raison d'avoir peur parce que j'affirme que nous connaissons des choses très graves qui ont été faites et qui se font quotidiennement contre l'intérêt de notre pays et de notre peuple, contre l'indépendance nationale», a-t-elle accusé dans une interview au journal El Watan. La réunion d'aujourd'hui sera une occasion pour une réplique collective aux réactions des partis au pouvoir, dit-on. A l'origine d'une initiative Mais comment est venue l'idée des «19»? Qui en est le principal initiateur ? Les patrons du FLN et du RND ont accusé la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, d'être derrière l'initiative. Amar Saâdani soupçonne l'existence d'un parrain, en faisant allusion à l'ancien patron du DRS, le général Toufik. Est-ce pour autant vrai? L'écrivain Rachid Boudjedra livre sa version. Selon lui, «l'idée vient d'un trio de femmes» à la veille du 61e anniversaire du 1er Novembre 1954. Il s'agit de Louisa Hanoune, Khalida Toumi et Zohra Drif-Bitat, auxquelles s'est joint Abdelkader Gueroudj. «Quand ils ont demandé mon avis, j'étais d'accord et j'ai signé avec eux», a-t-il témoigné. «C'est une initiative saine et civilisée», a-t-il expliqué, ajoutant qu'ils ne s'attendaient pas à ce que l'initiative «provoque un séisme politique». Notre interlocuteur affirme que plusieurs personnalités, en plus des 19 signataires, sollicitées pour signer la lettre ont décliné l'invitation. «Certains n'ont pas signé faute de temps pour discuter de l'initiative, d'autres ont avancé des raisons personnelles tout en étant d'accord avec la démarche, certains autres étaient prudents alors que d'autres occupent des postes importants et sont soumis au devoir de réserve», a-t-il précisé. «On comprend leur attitude comme ils ont compris la nôtre», a-t-il encore affirmé. Rachid Boudjedra dit que la liste est ouverte pour tous ceux qui veulent la signer, précisant que cela ne signifie pas que les éventuels prochains signataires rejoindront le groupe des 19. «Il y a d'autres canaux pour ceux qui veulent signer d'exprimer leur accord avec notre initiative», a-t-il expliqué.