A la veille du vote, les positions des partis siégeant à l'APN se précisent. Si les élus des partis au pouvoir s'échauffent déjà pour satisfaire le gouvernement en faisant passer ce texte, ceux de l'opposition vont jusqu'à menacer d'empêcher le vote. L'Assemblée populaire nationale (APN) risque de connaître une journée mouvementée, aujourd'hui, à l'occasion de la séance de vote du projet de loi de finances 2016. Théâtre, depuis une semaine, de débats houleux autour des dispositions de ce texte, l'hémicycle pourrait se transformer, ce matin, en véritable arène où s'affronteront partisans et détracteurs de ce projet déjà qualifié de «déclaration de guerre» contre les Algériens et l'Algérie. A la veille du vote, les positions des partis siégeant à l'Assemblée se précisent. Si les élus des partis au pouvoir s'échauffent déjà pour satisfaire le gouvernement en faisant passer ce texte, ceux de l'opposition vont jusqu'à menacer d'empêcher ce vote. «Il n'est pas question que ce projet, qui déclare la guerre aux citoyens et à l'Etat, passe. S'il le faut, on va empêcher le vote en utilisant tous les moyens que nous confèrent le règlement intérieur de l'Assemblée et la loi», affirme Ramdane Tazibt, député du Parti des travailleurs (PT). Selon lui, des concertations sont menées avec des groupes parlementaires, dont ceux du FFS et de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV), pour rejeter ce projet. «Il y a même des députés FLN qui se sont exprimés contre les dispositions de ce projet qui servent les intérêts de l'oligarchie», soutient-il. Ramdane Tazibt dénonce, dans la foulée, le jeu malsain de la commission des finances qui a décidé de réintroduire dans le projet de loi des articles qui ont été déjà supprimés avant la présentation du texte en plénière. Il cite notamment le fameux article 71 qui donne au gouvernement la possibilité de «décider, par décret motivé sur rapport du ministre des Finances, de l'annulation ou du gel de projets lorsque les équilibres budgétaires sont compromis». Le PT annonce ainsi la couleur. Il votera contre le projet. Au même titre que le Front des forces socialistes (FFS) qui affirme qu'«il ne peux cautionner une telle violence contre les citoyens, notamment les couches les plus défavorisées». «Le projet de la loi de finances 2016 contient des dispositions dangereuses, voire compromettantes pour l'avenir de l'économie nationale.» «Impact négatif sur le pouvoir d'achat» «Le PLF 2016 consacre l'abandon du caractère social de l'Etat et ouvre la voie à la privatisation et à la cession des domaines de l'Etat et du peu qui reste du secteur public et de nos richesses au profil de l'oligarchie financière», affirme le FFS dans une déclaration rendue publique hier. Dénonçant également le forcing de l'Exécutif et du bureau de l'APN qui ont bloqué les amendements proposés, tout en imposant les mesures impopulaires, le FFS précise que son «opposition à ce projet de loi découle de l'impact négatif et sans discernement qu'il aura sur le pouvoir d'achat des citoyens, à cause des inégalités qu'il accentue et des exclusions sociales qu'il génère». «L'introduction de mesures fiscales additionnelles sur certains produits ne fera qu'accabler les citoyens déjà rongés et éreintés par l'inflation, la dévaluation du dinar et la crise économique qui ne fait que s'accentuer. Notre engagement auprès de la population, notamment les couches les plus défavorisées est indéfectible et nous demeurons intransigeants lorsqu'il s'agit de défendre le caractère social de l'Etat et les acquis sociaux de la population», ajoute le FFS dans sa déclaration. Les députés de l'AAV, du FJD et peut-être même certains indépendants rejetteront le texte. L'opposition à l'APN s'apprête ainsi à croiser le fer avec les députés de la majorité FLN-RND.