Les infractions au change en Algérie prennent de l'ampleur. Au 1er semestre de l'année en cours, 474 affaires ont été diligentées et 150 milliards de dinars d'amende ont été dressés. Selon l'inspecteur général des Douanes, le montant des amendes liées à ces affaires avoisinent les 51 milliards de dinars, alors qu'un tiers de ce montant a fait l'objet de transferts illicites. Intervenant, hier matin, sur les ondes de la Radio nationale, Abdelmadjid Latrèche a révélé que «les services des Douanes algérienne ont constaté 389 affaires liées à des crimes économiques similaires portant sur un montant de 38 milliards de DA, en réaction desquels plus de 150 milliards de DA d'amende ont été dressés». Grâce au contrôle douanier, aux dires de M. Latrèche, 120 exportateurs indélicats ont été déférés devant les instances judiciaires. Selon la même source, les contrôles sont devenus de plus en plus rigoureux d'autant que ces infractions touchent également à l'argent ainsi qu'à l'or. «Ce genre d'infraction au change existe partout dans le monde. Elles concernent également l'or et l'argent. En 2004, on avait saisi 633 kg d'argent qui représentent 96 millions de dinars. En or, 4 kg pour un montant de 8 millions de dinars. Le total des amendes est de 16 millions de dinars. Pour le 1er semestre 2015 : l'or saisi est de 237 kg et l'argent 216 kg pour un total de 72 millions de dinars d'amende», a-t-il précisé. L'invité de la rédaction de la Radio nationale a ajouté plus loin que ces délits économiques sont opérés sous diverses formes. Il s'agit notamment via la double facturation ou de celui des fausses déclarations d'espèces de la marchandise. «Il s'agit de délit de faux et usage de faux», a-t-il résumé. Et de noter que «la destination de ces transferts illicites sont les paradis fiscaux». Face à ces infractions au change qui prennent un tournant assez inquiétant, les Douanes, selon M. Latrèche, livrent une bataille sans merci depuis 2010, année de l'entrée en activité de la direction du contrôle a posteriori des Douanes, un service chargé de lutter contre ce genre de crime économique. «Nous avons créé une direction spéciale qui s'appelle la direction du contrôle a posteriori. Celle-ci qui est centrale comporte des ramifications au niveau régional (Annaba et Oran). Les éléments de ces structures interviennent en parallèle avec des visites qu'effectuent les douaniers au niveau des ports et aéroports», a expliqué M. Latrèche. Ce dernier a ajouté dans le même sillage que les Douanes «sont en train de constituer un fichier des importateurs fraudeurs». Abordant les moyens de lutte contre ce phénomène qui ne cesse de faire saigner l'économie algérienne, cet inspecteur a mis en valeur la nécessité de «mettre à niveau» le système d'information ou d'informatisation de la direction des Douanes. «La douane a été l'une des premières administrations à mettre en place, en 1995, un système d'information avec le Cnis. Nous sommes en train de penser à son adaptation sur tout ce qui se passe actuellement. Tous les organes de l'Etat puisent les informations via ce système», a-t-il conclu.