La majorité des Algériens est désormais obligée de se serrer la ceinture pour pouvoir s'en sortir avec l'inflation qui touche les produits de base (lait, pain…), couplée à la chute de la valeur du dinar. Ce n'est guère facile de gérer, en ces temps de crise, son budget mensuel sachant qu'un Algérien dépense en moyenne 43 365 DA par mois pour ses différents besoins, selon l'Office national des statistiques (ONS). Un budget qui ne peut être rassemblé pour la majorité des Algériens lorsqu'on sait que le niveau des salaires nets mensuels du mois (hors agriculture et administration) se situe à environ 29 400 DA, indique l'ONS. Il est de 41 200 DA pour les employés dans le secteur public et de 23 900 DA pour ceux du privé national. Les dépenses globales annuelles des ménages algériens ont presque triplé durant la dernière décennie, passant de plus de 1500 milliards (mds) DA en 2000 à près de 4490 mds DA en 2011, selon toujours l'ONS. La dépense globale des ménages algériens est estimée à 4489,5 milliards DA en 2011, contre 1531,4 milliards DA en 2000, soit une dépense moyenne mensuelle de 59 700 DA par ménage, dont 25 000 DA destinés aux dépenses alimentaires. La dépense globale annuelle des ménages algériens a presque triplé (2,9) durant la dernière décennie au niveau national. Les dépenses n'ont cessé d'augmenter encore chaque année avec la qualité du niveau de vie. Les 20% des foyers algériens les plus favorisés ont absorbé, à eux seuls, 35,9% de la dépense totale liée au logement et charges des Algériens en 2000 (ONS). L'écart se creuse au fil des années pour atteindre dix ans plus tard, en 2011, 39,5%, soit 4,4 de la dépense totale. Ce chiffre risque encore d'être revu à la hausse avec les prochaines augmentations de prix annoncées pour l'année prochaine, notamment pour les carburants et l'électricité. Comment les Algériens arrivent-ils à boucler le mois ? Comment appréhendent-ils les nouvelles augmentations des prix annoncées pour 2016 ? «Temps de disette» Selon quelques citoyens apostrophés au sujet de leurs dépenses, c'est «un temps de disette» qui s'annonce. «Je suis marié et père de deux enfants en bas âge. Toute la famille vit avec un seul salaire, le mien, soit 45 000 DA par mois pour quatre personnes. Les allocations familiales sont de l'ordre de 600 DA par enfant. A l'heure actuelle, notre budget est donc de 46 200 DA. A peine de quoi couvrir nos dépenses : un loyer de 20 000 DA (un studio), le transport, les frais divers et les courses que l'on fait une seule fois par mois. «On vit au jour le jour» En somme, mes dépenses dépassent parfois souvent ce que je gagne», témoigne Salim, 34 ans, qui avoue qu'à la fin, «il ne lui reste rien». Notre témoin craint encore l'année qui vient, «on vient de lire dans la presse que les prix des produits de base vont augmenter d'ici l'année prochaine. Sincèrement, je ne sais comment m'en sortir», regrette-t-il. «Je m'occupe de la comptabilité dans une entreprise privée pour un salaire à plein temps de 40 000 DA. Avec 10 ans d'ancienneté, impossible d'espérer plus. Et encore, j'ai de la chance, mes collègues à temps partiel ne dépassent pas les 28 000 DA par mois», témoigne Leila, mère de trois enfants. «Mon époux touche presque le même salaire que moi, mais avec une location qui nous coûte 35 000 DA par mois, nos charges fixes montent jusqu'à 60 000 DA (alimentation, téléphone, transport, gaz et électricité…). Il ne nous reste donc que quelques dinars pour nous habiller», nous dira-t-elle. Notre interlocutrice avoue qu'elle a dû user de beaucoup d'ingéniosité pour l'achat des vêtements pour les enfants. «Dans les magasins, c'est la chasse aux promotions. Je n'ose jamais m'approcher des grands magasins. C'est souvent vers les marchés et les bazars que je me dirige», nous confie-t-elle. Quant aux loisirs, elle lance d'un coup : «On n'y pense même pas !» La même situation est vécue par la plupart des Algériens. Ces derniers qui arrivent tout juste à boucler le mois avouent que «si un imprévu nous tombe dessus, ce serait la galère».