Face aux critiques acerbes de ses détracteurs, le ministre de l'Industrie et des Mines s'est montré plutôt serein et plus que convaincu de la politique de réformes et de développement menée dans son secteur. «Toute cette agitation autour de la LF 2016 n'est pour moi qu'une entreprise de déstabilisation de l'équipe gouvernementale à laquelle j'appartiens», a-t-il lâché dans un entretien accordé au quotidien L'Expression publié hier. Bouchouareb se dit persuadé que «la société et le gouvernement sont en mouvement et veulent sortir de ce tête-à-tête avec la rente». Sûr de lui, il relève que «réformer dérange beaucoup d'intérêts et provoque des résistances au changement». Usant d'un langage politicien et habile, le ministre de l'Industrie vient de balayer d'un revers de la main tous les arguments avancés par l'opposition quant aux nouvelles dispositions de la loi de finances 2016, considérées à juste titre comme antisociales et dangereuses pour l'économie du pays, jusqu'à demander au président de la République de surseoir à signer ce texte de loi. Se réclamant comme «démocrate, républicain respectueux des décisions souveraines des institutions», le ministre de l'Industrie soutient que la demande de blocage de la loi de finances 2016, formulée par l'opposition, signifie simplement une «tentative de bloquer le pays». Et d'ajouter : «Ne pas signer un budget, veut dire simplement qu'au 1er janvier 2016, les fonctionnaires ne percevraient pas leurs salaires, les investissements publics et les subventions seraient à l'arrêt». Une situation qui risque de porter un coup à la stabilité du pays, alors que la loi de finances 2016 est loin de remettre en cause, selon les chiffres fournis par Bouchouareb, l'engagement social de l'Etat. «La loi de finances 2016 est pour moi un budget normal qui intervient effectivement dans un contexte particulier. (…) C'est un budget de 4500 milliards DA. Prenons l'exemple du volet social. Les transferts sociaux à partir du budget de l'Etat croissent en 2016 à 1840,5 milliards DA, représentant 9,8% du PIB et une évolution de 7,5% par rapport à 2015, soit quasiment le double du taux d'inflation», précise-t-il, remettant en cause les arguments avancés par l'opposition, qui a boycotté, rappelons-le, la séance du vote du projet en question lors de sa présentation à l'APN. L'article 66, «un autre épouvantail» L'article 66 prévu dans la LF 2016 autorisant l'ouverture du capital des entreprises privées n'est pas en soi une nouveauté. L'article en question a été déjà voté, en 2009, par ces mêmes députés qui le dénoncent aujourd'hui. Il ne s'agit point de «privatisation» non plus, clarifie Bouchouareb, mais d'une disposition visant à capter des capitaux et à aider «l'entreprise publique à mieux s'intégrer à la concurrence globale». Le ministre annonce dans ce contexte avoir demandé un «bilan exhaustif de toutes les privatisations», dont les conclusions seront dévoilées en temps voulu». Abordant le cas d'El Hadjar, Bouchouareb a défendu farouchement la décision de sa «nationalisation», quand bien même ce mot usité par la presse n'est pas approprié, tient-il à préciser. Il dira que la récupération de ce complexe était «stratégique, structurante et prioritaire». L'Etat se devait d'intervenir, selon lui, pour réhabiliter les installations industrielles, sauvegarder l'activité et les emplois (30 000 emplois directs et indirects). D'ores et déjà, le ministre s'attend à la reprise du haut fourneau et à une production de l'ordre de 1,2 million de tonnes pour la première année, avant d'atteindre 2,2 millions de tonnes la deuxième année. Dans le domaine de la mécanique, Bouchouareb confirme l'intérêt des grandes marques automobiles voulant investir dans le montage en Algérie. Il citera particulièrement Peugeot, Fiat, Iveco, Nissan, Hunydai, un constructeur chinois, et même les compagnies américaines Ford et General Motors, et tout récemment Volkswagen. L'objectif est celui d'atteindre la fabrication de 200 000 unités par an. Le secteur des mines n'est pas en reste. Les adjudications de gisements relevant du régime des mines et du régime des carrières seront annoncées cette semaine, a-t-il indiqué, soulignant qu'une «grande étude exploratoire pour mettre à jour les indices des minerais dans le sud du pays a été lancée avec l'assistance d'une expertise internationale».