Salle de prière musulmane saccagée, exemplaires du Coran brûlés et slogans anti-arabes, tel est le constat d'une expédition punitive contre un quartier populaire à Ajaccio, en Corse, vendredi soir. Cela a commencé lorsque quelque 250 à 300 manifestants ont envahi une cité populaire d'Ajaccio, théâtre de violentes échauffourées, la nuit précédente, au cours desquelles deux pompiers avaient été blessés. Est-ce à dire que racisme et islamophobie font bon ménage désormais en France, comme le montre cette attaque contre la salle de prière par une partie des assaillants, qui ont tenté de brûler des exemplaires du Coran ? Ces sentiments haineux ont certainement été attisés par les attentats terroristes du 13 novembre à Paris, en dépit du discours apaisant du gouvernement et d'une partie de la classe politique de l'Hexagone, appelant à éviter l'amalgame. Les slogans scandés par certains des auteurs de cette expédition, "Arabi fora" (les Arabes dehors, ndlr)! ou "On est chez nous !", renseignent sur leurs intentions. Devant cette grave situation, le Premier ministre Manuel Valls a vivement condamné ce qu'il a qualifié d'"agression intolérable de pompiers" et une "profanation inacceptable d'un lieu de prière musulman". Idem pour son ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, lequel a fustigé des "exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie, (qui) ne sauraient rester impunies (...)." "Ces exactions intolérables, aux relents de racisme et de xénophobie ne sauraient rester impunies tant elles portent atteinte aux valeurs mêmes de la République", a-t-il également déclaré. Dénonçant une agression "qui se déroule en un jour de prière pour les musulmans et pour les chrétiens", car la célébration, cette année, de la fête de Noël a coïncidé avec celle du "Mouloud" de la communauté musulmane qui commémore la naissance du prophète Mohamed (QSSSL), l'Observatoire national contre l'islamophobie du Conseil français du culte musulman (CFCM) a vivement condamné ces actes haineux. Lançant, quant à lui, un appel au "calme, au sang-froid et à l'apaisement", Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande-Mosquée de Paris, s'est dit, sur la chaîne de télévision BFMTV, "consterné et attristé". Même les dirigeants nationalistes, qui viennent d'être élus à la tête de la région Corse, ont dénoncé ces violences. M. T.