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Les lobbies du business et les fausses inquiétudes des partenaires étrangers Ils tentent de contrecarrer les directives d'Ouyahia sur l'investissement étranger et l'importation
La préoccupation majeure des pouvoirs publics étant de préserver les acquis financiers du pays par ces temps de crise mondiale, l'objectif principal recherché, et pas des moindres, consiste à se donner les moyens de respecter les engagements annoncés et qui portent sur la réalisation du programme de relance cher au président de la République. Une ambition de relance affichée à hauteur de 150 milliards de dollars et que le gouvernement Ouyahia s'emploie à vouloir respecter en dépit d'un environnement pétrolier peu confortable. Une annonce et un défi qui n'ont pas manqué de susciter bien des interrogations sur la faisabilité d'un tel programme, et qui ont également permis de faire émerger le pays comme une destination économique sûre et solidement assise. En effet, alors que le monde plonge dans les tourmentes de la crise et que des réductions importantes dans les programmes sont opérées même chez les plus grandes puissances économiques où la révision baissière des ambitions est observée, l'Algérie se donne des objectifs de relance qui viennent à contre-sens de la tendance mondiale. Et c'est justement dans ce climat qu'il conviendrait de situer les directives relatives à l'investissement étranger en Algérie d'une part, et à l'implantation de sociétés étrangères de commerce international d'autre part. Il s'agit des nouvelles instructions émises par le gouvernement et qui sont désormais communément appelées «les directives Ouyahia». Deux textes étroitement liés, et qui convergent vers la redéfinition des conditions de présence d'affaire étrangère en Algérie, d'une part dans le commerce de l'import et d'autre part dans l'investissement direct. Dans son explicatif, tardif il est vrai, le Premier ministre s'est voulu à la fois tranchant quant à la détermination qui est la sienne pour l'application de ces mesures, et rassurant quant au principe irréversible de l'option de l'économie de marché. Traduction : ces dispositions ne seront pas annulées comme ont bien voulu le laisser entendre certaines voix. Pourquoi autant de détermination de la part du gouvernement qui semble laisser entrevoir un sursaut économique qui se veut quelque part aussi comme une réaction au effets inéluctables d'un désordre coûteux sur l'accès aux avantages fiscaux et parafiscaux sans retour de dividendes pour l'économie domestique. Les énormes transferts de dividendes ont donné l'alerte La prise de conscience qui a dicté ces dispositions qu'il ne serait pas inopportun d'inscrire au chapitre des mesures de sauvegarde que tout pays a le droit d'adopter librement pour extraire un pan de son activité des risques observes a pour origine les énormes transferts de dividendes en devises opérés par les sociétés étrangères activant en Algérie. Il fallait réagir pour contenir ces flux qui vidaient nos caisses et tenter de retravailler les conditions de rééquilibrage des relations de partenariat et d'affaires avec les candidats à l'investissement direct et ceux qui s'annoncent pour l'option purement de trading. Sur ce plan, les directives ont trouvé la formule pour limiter ces transferts de dividendes en associant dans le capital des sociétés étrangères des partenaires algériens 51% du portefeuille, soit la majorité quand il s'agit d'investissement et une ouverture de 30% minimum au profit d'intervenants locaux quand il s'agit de commerce. Pourquoi donc des associés algériens devront-ils impérativement figurer dans le capital de ces sociétés ? Quels en seraient les objectifs recherchés par ces mesures gouvernementales tant décriées ? Les réponses sont pourtant toutes simples pour ceux des opérateurs qui veulent bien y faire des lectures objectives. Avec des associés algériens détenant les 51% du capital, l'investisseur étranger transférera déjà 51% de moins en devises au titre des dividendes qu'il le ferait s'il était seul actionnaire de la société. Donc, la nouveauté permet à coup sûr de limiter la sortie des devises. De plus, la directive Ouyahia prévoit le libre contrôle de gestion et de management dans ces sociétés à la partie étrangère qui peut donc être majoritaire car les 51% revenant à la partie algérienne peuvent être ventilés sur plusieurs associés domestiques et pas forcément sur un seul et unique associé. L'équivoque est clairement levée sur ce chapitre. Quant aux sociétés étrangères de commerce international qui veulent activer sur le territoire algérien, elles sont tenues de trouver un ou plusieurs associés locaux qui accéderont au portefeuille à hauteur de 30%. Là aussi, il s'agit de normes d'affaires objectives désormais propres au pays afin de freiner l'élan exagéré d'accès à la devise en pompant dans les réserves de change pour les besoins exclusifs de l'importation. D'autant qu'il ne faut guère omettre le danger qui guette l'économie algérienne avec la tendance inédite de la facture à l'importation qui a explosé à plus de 40 milliards de dollars l'année écoulée et qui persiste dans son ascension inquiétante pour l'année en cours, alors que de l'autre côté, les recettes se signalent dans une position baissière. En deux mots, les pouvoirs publics tentent de freiner les importations, de limiter le recours excessif d'accès à la devise pour des produits superflus et de faire des économies en limitant les niveaux de transferts des dividendes des sociétés étrangères. Fausses appréhensions et non-respect des règles initiales Légitimité économique ou protectionnisme ? Un faut débat jetant le discrédit sur ces mesures a failli prendre du chemin pour faire pression sur les décideurs et amener les lobbies à réussir à imposer leurs lois à une économie «souveraine» se cherchant une architecture plus appropriée afin d'asseoir une double politique, celle du développement et de la lutte contre les propensions à la dépense facile. Il y a lieu également de lier ces préoccupations du gouvernement par le non-respect de certains investisseurs étrangers des engagements de base, notamment les cahiers des charges devant clarifier leur apport pour le pays et leur engagement en matière de réinvestissement des bénéfices. Tant qu'il n'a pas été question de revenir sur les tarifications douanières, le principe de libre-échange, ces mesures objet à controverse mal intentionnée se justifient par les précédents de même valeur observés chez des puissances économiques mondialement reconnues. Pourquoi l'Algérie n'aurait-elle pas ce droit de mettre le holà à un mode de partenariat qui s'est avéré loin d'être «gagnant-gagnant» ? Par ailleurs, pour contourner tout reproche quant aux soupçons pouvant être faits sur leur protectionnisme pourtant avéré, des pays comme ceux de l'Union européenne ou des Etats-Unis ont librement installé des barrières et autres blocages intelligents face à toute société étrangère potentiellement compétitive et face à tout produit étranger porteur de risque commercial pour leurs marchés respectifs. Ils ont tout simplement déguisé leur mode de protectionnisme en instaurant des normes. Ce que tente justement de faire le gouvernement Ouyahia à travers ces mesures en recourant au même langage d'affaires que celui pratiqué ailleurs. Dommage que chez nous, la bonne dose de communication qui devait emballer un travail réglementaire, aussi judicieux fût-il, a encore une fois fait défaut, livrant la sphère économique domestique aux folles supputations. De ce côté-ci, le gouvernement gagnerait à s'y investir et à investir pour mieux vendre les textes avant d'escompter une quelconque adhésion.