La tension entre l'Arabie saoudite et l'Iran persiste. Hier, le ministre irakien des Affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari, a promis de mener la médiation pour le règlement de la crise diplomatique entre Téhéran et Ryad. «L'Arabie saoudite doit arrêter de s'opposer à l'Iran comme elle le fait depuis deux ans et demi», a affirmé hier à Téhéran Mohammad Javad Zarif, ministre iranien des Affaires étrangères. «Depuis deux ans et demi l'Arabie saoudite s'est opposée aux efforts de la diplomatie iranienne et elle doit arrêter cette tendance à créer des tensions», a déclaré Zarif lors d'une conférence de presse avec son homologue irakien Ibrahim al-Jaafari en visite à Téhéran. Il a en particulier souligné que l'Arabie saoudite s'était opposée à l'accord nucléaire conclu en juillet 2015 entre l'Iran et les grandes puissances. «L'Iran a, lui, toujours recherché la paix et la compréhension avec ses voisins, sans chercher à créer des tensions», a-t-il affirmé. En dépit des démarches entreprises par l'Irak en vue d'apaiser la situation, il n'en demeure pas moins que des pays solidaires avec l'Arabie saoudite ont procédé hier à des actions diplomatiques qui compliquent davantage la mission de Baghdad. En effet, le ministère jordanien des Affaires étrangères a annoncé hier avoir convoqué l'ambassadeur d'Iran pour protester contre les attaques ayant visé les représentations diplomatiques saoudiennes à Téhéran. Les autorités jordaniennes ont exprimé leur «ferme condamnation» et leur «refus catégorique (...) des attaques et abus contre les représentations diplomatiques», a indiqué un porte-parole du ministère cité par l'agence officielle Petra. Elles ont jugé «inacceptables et déplorables» les attaques contre l'ambassade et un consulat saoudiens en Iran. La crise entre Téhéran et Riyad a éclaté après l'exécution samedi dans le royaume saoudien d'un dignitaire chiite, Nimr Al Nimr, condamné pour «terrorisme». Sa mise à mort a entraîné des manifestations et des représentations diplomatiques saoudiennes en Iran ont été attaquées. La Jordanie a également «rejeté les récentes déclarations de responsables iraniens» y voyant de l'«ingérence dans les affaires internes de l'Arabie saoudite» et a insisté sur «la nécessité de respecter les décisions des institutions judiciaires saoudiennes», selon le porte-parole. La Jordanie et l'Arabie saoudite voisine entretiennent des relations politiques, économiques et militaires étroites. Amman fait partie de la coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites soutenus au Yémen. Djibouti a annoncé à son tour hier la rupture de ses relations diplomatiques avec l'Iran, confronté à une grave crise diplomatique avec l'Arabie saoudite après l'exécution d'un important dignitaire chiite saoudien. Le ministre djiboutien des Affaires étrangères, Mahamoud Ali Youssouf, «a rompu les liens diplomatiques avec l'Iran», a annoncé le gouvernement djiboutien dans un communiqué. Petit pays de la Corne de l'Afrique, à l'entrée de la mer Rouge et du Golfe d'Aden, Djibouti dispose d'une position stratégique dans la région entre le continent africain et la péninsule arabique. Il est situé juste en face du Yémen, où une coalition arabe menée par l'Arabie saoudite intervient depuis mars 2015 pour repousser des rebelles chiites houthis. L'annonce de Djibouti fait suite à la décision dimanche par l'Arabie saoudite de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran. Riyad a été imité par Bahreïn et le Soudan. Les Emirats arabes unis ont eux décidé de réduire leurs relations diplomatiques avec Téhéran, et le Koweït a rappelé son ambassadeur en Iran. Cette crise diplomatique risque de durer et d'avoir des retombées négatives sur la région.