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Ahmed Djoghlaf, co-président du Comité de négociation de l'accord de Paris sur le climat : «L'Algérie peut exporter les énergies renouvelables vers l'Afrique»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 11130

L'Algérie qui peut devenir «leader africain des énergies renouvelables» organisera au Sud «un forum pour l'Afrique» dédié à ce domaine et réunissant des chefs d'Etat africains et d'autres pays donateurs en mesure de financer des projets dans le domaine du solaire.
Ahmed Djoghlaf, ambassadeur conseiller au ministère des Affaires étrangères et co-président du Comité de négociation de l'accord de Paris sur les changements climatiques a annoncé hier à Alger que l'Algérie envisage d'engager des partenariats gagnant-gagnant pour lancer des projets industriels dans le domaine du solaire. Lors d'une table ronde sur le thème «L'accord universel de Paris sur le climat : défis et opportunités», Djoghlaf a préconisé des «partenariats Sud-Sud qui permettront à l'Algérie d'exporter de l'énergie solaire vers des pays africains». Mais, conditionne-t-il, notre pays doit auparavant développer ses capacités de production des énergies solaires et renouvelables.
Ce mégaprojet est perçu comme un «reversement de Desertec» qui devait approvisionner l'Europe mais orienté, cette fois-ci, vers les pays de l'Afrique dont les besoins en énergies sont énormes et évoluent régulièrement. En revanche, ce projet doit être engagé dans les meilleurs délais car le retard ne sera pas en faveur de l'Algérie qui risque d'être dépassée par d'autres pays. «L'Algérie a l'avantage de disposer de 2500 heures d'ensoleillement par an», a-t-il souligné. En termes d'accompagnement, l'Algérie pourra demander d'être aidée par des pays donateurs comme la Chine (pour la fabrication des panneaux photovoltaïques) et l'Inde, dans le cadre de la coopération Sud-Sud. La coopération dans ce domaine peut être lancée également avec l'Islande, a-t-il proposé. Il est possible d'investir aussi dans le domaine de la géothermie car l'Algérie dispose d'une importante nappe albienne. A cet effet, la diminution des parts de marché du gaz seront remplacées par les exportations des énergies produites par des centrales solaires au Sud.
«Le gaz naturel est une passerelle idoine de transition vers une économie sobre en carbone», a-t-il souligné. Djoghlaf a considéré que les investissements dans le domaine des énergies renouvelables sont devenus plausibles à la faveur du Cop21, tenu à Paris en décembre dernier. En effet, le COP21, qui s'est fixé pour objectif de maintenir le réchauffement climatique à moins de 2°C, a constitué un déclic dans la mesure où il a donné des assurances aux investisseurs dans le domaine des énergies renouvelables. «L'accord de Paris va donner un boom au marché des énergies renouvelables», a-t-il indiqué, soulignant que «tant qu'il n' y avait pas d'engagement des Etats, les investisseurs craignaient de s'engager dans des projets dans le domaine des énergies renouvelables».
2016 plus chaude que 2015
Les pays sont à présent «conscients» que le changement climatique est un facteur qui peut menacer la stabilité des pays et aggraver la prévalence de maladies comme le cancer. L'Algérie est une région des plus affectées par les changements climatiques, sachant que le gaz contribue à 20,22% dans la pollution de l'air tandis que le pétrole participe avec 36,61%. La menace est plus importante, surtout que le réchauffement climatique devient de plus en plus inquiétant. L'année 2015 a été plus chaude que 2014 alors que 2016 sera encore plus chaude que l'année écoulée.
«C'est une situation qui va durer», a-t-il averti. Avec la chaleur, le risque de prolifération des parasites est plus élevé, citant le cas du virus Zika, sans omettre d'évoquer le risque de la sécheresse et la raréfaction des ressources en eau. En Algérie, la pollution atmosphérique, causée par les émissions de CO2 et du diesel, sont la conséquence de 25% des nouveaux cas de cancer. Cette pollution provoque aussi des problèmes de respiration aux enfants.
Les gaz à effet de serre sont notamment le CO2 et le méthane et ce sont les plus dangereux, a-t-il alerté, relevant qu'il y a une nouvelle ère géologique. L'Algérie, poursuit Djoghlaf, est un pays vulnérable à cause de l'avancée du désert et du rétrécissement de la bande côtière à cause de l'avancée de la mer. Les enjeux sont importants surtout que 72% de la population vit au niveau des villes en plus de sa concentration au niveau des zones côtières. Cette situation a engendré la perte de 10 000 hectares de terres arables, détournés par des constructions de logements et autres projets d'infrastructures.


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