Les partis de l'opposition ont contesté, rejeté et boycotté la séance de vote de la nouvelle Constitution, adoptée hier par le congrès du Parlement. Aujourd'hui, le texte n'est plus un projet. C'est une réalité. Que compte alors faire l'opposition à la lumière de cette nouvelle loi fondamentale ? Que ce soit le FFS qui tient toujours à son initiative de reconstruction du consensus national ou l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition (Isco) qui milite pour une transition démocratique et qui rejettent toujours la nouvelle Constitution, chacun dit poursuivre son travail pour atteindre son objectif sans tenir compte de la nouvelle loi fondamentale. «Le FFS continuera son combat pour la construction d'un Etat de droit, de démocratie et des libertés», affirme Youcef Aouchiche, chargé de communication du parti. Joint par nos soins, il ajoutera que «la nouvelle Constitution, qui n'est pas consensuelle, ne constitue pas le premier dépassement contre la dignité des Algériens». «Nous travaillerons pour la reconstruction du consensus national car nous sommes convaincus que c'est la seule solution pour la crise actuelle», a-t-il précisé, en nous renvoyant à la dernière déclaration du premier secrétaire du parti, Mohamed Nebbou. «Nous allons ouvrir une nouvelle page avec ceux qui sont disposés et nous allons continuer à diverger avec d'autres hostiles au projet patriotique et démocratique. Mais nous continuerons à œuvrer au plus large rapprochement possible entre Algériens de tous les horizons pour un consensus national qui préserve l'unité nationale, la démocratie participative et l'arbitrage populaire», a-t-il souligné à l'occasion de la commémoration du 40e jour du décès du fondateur du parti, Hocine Aït Ahmed. Pour le chargé de communication du FFS qui a boycotté la séance de vote de dimanche, cette Constitution «imposée par la dictature de la majorité parlementaire ne sert pas les intérêts du peuple». Du côté de l'Isco, on estime qu'avec l'ancienne ou avec la nouvelle loi fondamentale, leur position «n'a pas changé». «L'opposition continuera son travail le plus normalement du monde. Rien n'a changé pour nous», a déclaré Sofiane Djilali, président de Jil Jadid. Joint hier au téléphone, notre interlocuteur évoque la possibilité de retenir, au titre des résolutions, l'idée de l'élaboration d'une Constitution à l'issue du deuxième sommet de l'opposition, prévu le 27 mars. Pour lui, le document adopté par les parlementaires «est un programme et non une Constitution». «Elle ne résoudra rien aux problèmes du pays», a-t-il dit, ajoutant que «le pouvoir veut donner une dimension extraordinaire à une chose qui ne l'est pas». Selon lui, le retour à la limitation des mandats présidentiels après l'avoir supprimé en 2008 «est un aveu d'échec». Pendant ce temps, le coordinateur du Pôle des forces du changement, Ali Benflis, prépare un livre blanc «sur le coup de force constitutionnel du 7 février 2016» qui sera rendu public aujourd'hui. Dans son livre, Benflis compte informer l'opinion publique «des dépassements, des dérives et des desseins inavoués de cette révision constitutionnelle». Le document adopté dimanche est dénoncé aussi par le RCD qui estime «l'adoption de la nouvelle Constitution par un Parlement illégitime est une nouvelle violence contre la nation». «Un texte sorti de l'ombre, établi pour consacrer la pérennité du régime au détriment de celle de l'Etat, ne peut être celui du consensus. Cette loi fondamentale est conçue de manière unilatérale et sans compromis et n'engage que ses rédacteurs et leurs parrains», soutient le RCD par la voix de son chargé de communication, Atmane Mazouz. Pour ce dernier, la nouvelle loi fondamentale «est inadaptée à la dangereuse conjoncture que traverse le pays et ce qu'elle véhicule comme amendements constitue la négation des sacrifices des Algériens à travers l'Histoire, le déni de leur identité, la stigmatisation de l'appartenance au pays et la volonté d'entretenir le statu quo». «Cette Constitution n'est ni pérenne ni crédible», tranche-t-il.