Les derniers jours du mois de février qui ont coïncidé avec le 28e anniversaire de la mort de Mouloud Mammeri ont été l'occasion pour l'association des enseignants de tamazight de Tizi Ouzou de revenir sur l'officialisation de cette langue. Lors de la conférence abritée à la maison de la culture Mouloud- Mammeri qui a regroupé enseignants, étudiants et militants, plusieurs points ont été abordés. Dès l'entame des tavaux, les conférenciers enseignants à l'université de Tizi Ouzou et de Béjaïa, ont tenu à expliquer qu'ils ne sont pas des législateurs. Leur objectif est de mettre la lumière sur l'officialisation de tamazight et de voir ce qu'elle apportera à l'enseignement et à la littérature amazighe. Dans leurs interventions, les conférenciers se sont basés sur trois points, dont la symbolique, la politique et l'application sur le terrain. «Après l'officialisation de tamazight, on s'attendait à ce que les législateurs l'introduisent comme langue nationale», dira Ramdhan Achour, enseignant. Les conférenciers se sont tous mis d'accord sur le fait que l'officialisation de tamazight est un progrès. il s'agit maintenant de la promouvoir. «L'écriture et la littérature en tamazight fleurissent déjà, il faut continuer», estimera M. Salhi, un autre enseignant. M. Ramdhan Achour s'est intéressé également à l'unification de la langue amazighe. «Plusieurs langues amazighes existent en Algérie. Nous n'avons pas une langue berbère unifiée, il s'agit donc de créer un berbère commun et central», dira le conférencier avant d'ajouter que «le kabyle est prioritaire car c'est le plus parlé et parce que quasiment tous les combats pour tamazight et sa promotion se sont déroulés en Kabylie» expliquera-t-il. Un processus d'unification qui prendra beaucoup de temps, de son point de vue, si l'on prend l'exemple du catalan en Espagne, le basque et autres. Lors des débats, les intervenants ont tous soutenu le fait que la Kabylie reste leader dans le combat identitaire et la vulgarisation de tamazight. Abordant les enjeux que cache cette officialisation soudaine de tamazight, Saïd Chemakh dira à ce propos : «L'Etat nous offre en cadeau le mot officielle et sans plus.» Il citera en exemple l'officialisation de tamazight au Maroc. Et de se demander si cette officialisation ne va pas suivre ce qui s'est passé en la matière au Maroc «où cette officialisation n'a rien apporté.»