La préparation de la célébration du double anniversaire du Printemps berbère de 20 Avril 1980 et du Printemps noir de 2001 se fait sous une tension sans précédent. Alors que le MAK a appelé à des marches populaires pour réitérer ses mots d'ordre, le RCD compte organiser les siennes à Tizi Ouzou et Béjaïa pour réclamer «une officialisation effective de la langue amazigh». Cela au moment où le gouvernement prévoit, lui-aussi, de célébrer l'évènement à sa manière, en chargeant le ministre de la Jeunesse et des sports, Ali Ould El Hadi, ancien cadre du RCD, de mener la machine. Le pouvoir estime qu'il était de son droit de célébrer la date du 20 Avril dès lors qu'il a officialisé la langue amazigh dans le cadre de la nouvelle Constitution. Mais voilà qu'une décision des responsables de l'université de Tizi Ouzou d'interdire une conférence sur le 36e anniversaire du Printemps berbère créé un climat de tension, soulevant la colère des étudiants et des enseignants de l'université qui porte le nom de Mouloud Mammeri dont l'interdiction d'une conférence, le 10 mars 1980, était à l'origine de ce Printemps. Cette conférence, que doit animer Hakim Saheb, un cadre du RCD, prévue pour ce 18 avril, est interdite en application d'une instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, interdisant les activités politiques et partisanes dans l'enceinte universitaire. Alors que les étudiants se disent déterminés à organiser cette conférence malgré l'interdiction, la section de Tizi Ouzou du Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a dénoncé une «atteinte à la symbolique du 20 Avril». «Nous dénonçons la tentative délibérée de porter atteinte à la symbolique du 20 Avril par un déploiement inédit visant à lui donner un caractère folklorique», écrit le Cnes dans la déclaration rendue publique à l'issue de son assemblée générale tenue lundi 11 avril pour débattre de la situation qui prévaut à l'université de la capitale de Djudjura. Les observateurs se posent des questions suite à cette décision considérée comme étant une provocation dans un contexte politique délétère qui fait peser sur le pays des dangers réels. A l'université de Béjaïa, Nordine Aït Hamouda, ancien cadre du RCD, a animé une conférence sur l'évènement, sous le thème «Identité et droits de l'homme» sans être inquiété et sans que sa conférence ne donne lieu à aucune tension. Pourquoi alors interdire une conférence à Tizi Ouzou organisée par un collectif d'étudiants et non par un parti politique ? Est-ce une provocation ? Un acte délibéré où une simple application de l'instruction de Sellal ? Pourquoi la conférence de Nordine Aït Hamouda à l'université de Béjaïa n'a pas subi le même sort ? En tout cas, le pouvoir veut donner un cachet folklorique à cette date. Le ministre Ali Ould El Hadi a réuni, il y a quelques jours, le mouvement associatif avec la direction de la culture et celles de la jeunesse et des sports des wilayas de Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa pour préparer les festivités de 20 Avril. Il a déclaré à cette occasion que la consécration de tamazight comme langue officielle mérite d'être célébrée puisque les évènements du 20 Avril 1980 allaient dans le sens de la reconnaissance de l'identité amazighe dans le pays. «Il est inadmissible de faire l'impasse sur l'officialisation de tamazight. Nous devons reconnaître que c'est enfin une consécration qui mérite d'être fêtée», a-t-il dit, appelant à faire de cette date symbolique «un moment de fête, d'unité et de liesse». le ministre s'est même permis de rendre hommage aux victimes du Printemps noir de 2001 où 128 jeunes sont tués.