A l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le ministre de la Communication, Hamid Grine, a rappelé à l'ordre les journalistes de certains médias privés qui ont, selon lui, dépassé les bornes. S'exprimant au forum du quotidien El Moudjahid, Grine a qualifié ces journaux «d'arrogants» qui ne «respectent aucune éthique». «Je fais la une de ces médias depuis quatre jours. Ils m'ont inondé d'insultes, mais j'ai une forte capacité d'indifférence. Je suis blindé. Ils ne peuvent jamais m'atteindre», a-t-il lancé. Sans les citer nommément, Grine faisait sans doute allusion aux quotidiens Liberté, El Watan et El Khabar. Le ministre estime que «ces trois journaux» font «dans l'injure et la diffamation». Pour lui, ce trio s'est transformé en «lobby» dans le seul but est de ternir l'image du pays. Grine n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour critiquer ces derniers. «Ces journaux publient des informations peu crédibles. Ils sont subjectifs, mais ils ne vont jamais imposer leur loi à la République», a-t-il martelé. Grine a même ajouté dans une déclaration faite en marge du forum qu'il va poursuivre en justice les journalistes pour diffamation. L'intervenant dément, d'autre part, l'idée selon laquelle le monde de la presse est sujet à un «rétrécissement de la liberté d'expression». «On est, dit-il, dans une ouverture totale». Revenant aussitôt aux trois journaux, le fait même, ajoute-t-il, que ces derniers soient «excessifs» dans leurs commentaires, «est la preuve la plus éclatante de la liberté d'expression et de la démocratie en Algérie». Le ministre a exclu, par ailleurs, l'installation, dans l'immédiat, du conseil supérieur de la presse écrite. «Je ne vois pas son utilité, puisqu'il va y avoir le conseil d'éthique et de déontologie», a-t-il expliqué. Par contre, Hamid Grine a insinué que les autorités vont bientôt sévir contre les chaînes de télévision privées qui activent «illégalement» en Algérie. «Ce sont des chaînes pirates», a-t-il lancé. Mais il n'a pas précisé de quelle manière il allait procéder. Il a juste rappelé que seules cinq chaînes de télévision disposent d'une autorisation de travailler en Algérie. La loi sur la publicité va bientôt voir le jour. Selon Hamid Grine, cette loi est au niveau du secrétariat général du gouvernement. Elle ne devrait pas s'occuper de la distribution de la publicité. Mais elle aura la charge de réguler le fonctionnement des boîtes de communication. Ces dernières sont au nombre de 4000 agences agréées. Mais «seules 50 travaillent réellement», explique le ministre. Affaire El Khabar : «ça n'a rien de personnel» Le ministre a également abordé l'affaire dite «El Khabar» qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers jours. Pour lui, il ne s'agit en rien d'une «affaire personnelle» mais seulement de droit. «Cette transaction, considère-t-il, n'est pas conforme à la loi, mais si la justice en décide autrement, je me plierai à sa décision.» Certaines parties tentent, selon lui, de politiser cette affaire mais, souligne Grine, tout ce que nous voulons, c'est l'application de la loi dans toute sa rigueur. Je n'ai ni la volonté ni les prorogatives de fermer El Khabar», a-t-il tenu à clarifier.