L'administration de l'hôpital Mustapha-Pacha d'Alger n'a trouvé qu'un tuyau d'arrosage pour disperser les délégués syndicaux de la région Centre représentant les praticiens de la santé publique (SNPSP) ayant observé, hier matin, un sit-in dans l'enceinte de l'établissement hospitalier afin de faire valoir leurs revendications. Et c'est le directeur de l'hôpital en personne qui a accompli cette tâche qui a vite transformé l'action pacifique des praticiens en affrontement. Les protestataires, qui étaient une cinquantaine à brandir des banderoles, sur lesquelles on pouvait lire «Oui pour le respect et l'application des engagements du ministère» et «Le médecin ne se lasse pas et ne supporte pas l'humiliation», se disent indignés et affectés par cet agissement. Alors que le président du SNPSP, Dr Lyes Merabet, rencontré sur place, considère le comportement du directeur du CHU comme une autre forme de répression à l'encontre des blouses blanches. «C'est désolant de voir un tel comportement de la part d'un responsable d'un grand hôpital d'Algérie», témoigne un médecin exerçant à l'établissement public de santé de proximité Sidi M'hamed Bouchenafa (Alger). La scène est décrite d'une manière ironique par son confrère de l'EPSP Baraki. «C'est une douche gratuite», lance-t-il. Et d'enchaîner en changeant de ton : «Je préfère mourir que de voir un médecin humilié de cette façon.» Dénonçant fermement cette manière de faire, ce médecin, comptabilisant plus de 18 ans de service, la considère comme du «terrorisme administratif». En revanche, ce protestataire venu de Médéa fait endosser la responsabilité totale à l'administration centrale qui recourt à l'usage de la force et à la menace pour casser le mouvement. «Le directeur n'a pas agi par sa propre volonté, mais c'est l'administration centrale qui le lui a ordonné pour faire avorter notre rassemblement.» Sur ce point, notre interlocuteur n'a pas manqué de parler de ce qu'il qualifie de «manœuvre de la tutelle» en se référant aux dernières déclarations du ministre du secteur Abdelmalek Boudiaf qui visaient, selon lui, à discréditer leur grève. «Ils ont même osé (les responsables du ministère) envoyer des inspecteurs pour arracher les affiches appelant à la grève», accuse-t-il. Ceci, au moment où les blouses blanches poursuivent leur grève, entamant hier son troisième et dernier jour pour réclamer notamment la garantie de la sécurité au sein des établissements hospitaliers et le respect de l'activité syndicale. Et c'est lors du conseil national extraordinaire qui se tiendra aujourd'hui pour évaluer cette grève de 72 heures que sera décidée la suite à donner à cette action qui a enregistré un taux de suivi de 65% sur le territoire national.