La cérémonie d'ouverture du congrès a été marquée par l'absence du secrétaire général du FLN, Amar Saâdani Comme prévu et sans aucune surprise, Ahmed Ouyahia a été reconduit à la tête du RND par la majorité des congressistes réunis jeudi à Alger. A l'hôtel El Aurassi, toutes les conditions étaient, en effet, réunies pour que le directeur de cabinet de la présidence de la République soit élu pour un nouveau mandat de secrétaire général à la tête de la 2e formation politique de la majorité. Parmi les invités du RND, et non des moindres, il y avait le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le président du FCE, Ali Haddad, le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, le président de l'APN, Mohamed Larbi Ould Khelifa, et des représentants de certains partis politiques, y compris ceux de l'opposition. Le Parti des travailleurs a délégué le chargé de communication, Djelloul Djoudi, le FFS s'est fait représenter par son ancien premier secrétaire, Ahmed Betatache, alors que le MSP a été représenté par son cadre Abderrahmane Saïdi. Il y avait également le chef de TAJ, Amar Ghoul, et deux représentants du FLN dont le patron Amar Saâdani, qui mène une guerre à Ouyahia, a brillé par son absence, au point où même certains évoquent un divorce consommé entre les deux partis de la majorité. A l'issue donc du vote à huis clos, Ouyahia a raflé 1523 voix des 1600 congressistes alors que son concurrent, Belkacem Mellah, qui s'est pourtant montré confiant, n'a récolté en fin de compte que 21 maigres voix.
«La dictature des minorités est finie» Dans son discours d'ouverture des travaux du congrès, Ahmed Ouyahia n'a pas manqué de rappeler à l'ordre ses opposants qui veulent sa destitution. Ces derniers ont demandé le report du congrès ainsi que l'inscription d'un seul point à l'ordre du jour, à savoir l'élection d'un secrétaire général. La réplique d'Ouyahia ne s'est pas fait attendre : «La dictature des minorités est finie.» Il a souligné que la stabilité du parti se consolidera «grâce aux bienfaits du débat contradictoire, grâce au primat de la majorité démocratiquement exprimée, et grâce au bannissement définitif de toute dictature de la minorité». Rappelant le contexte de sa démission en 2012, l'ancien chef de gouvernement a qualifié ses opposants de «démons de l'égoïsme et de l'instabilité». Il a répondu également à cette demande d'inscrire un seul point à l'ordre du jour du congrès. «Comment imaginer que ces assises se limitent à une opération électorale et passent sous silence le saut qualitatif majeur que l'Algérie vient de réaliser dans la consolidation de l'unité de son peuple, dans l'affirmation de la démocratie et des libertés, et dans la modernisation de la gouvernance ?», s'est-il interrogé. «Comment limiter notre congrès, même extraordinaire, à une simple opération organique, alors que l'Algérie subit l'impact sévère de la crise du marché mondial du pétrole, avec les contraintes que cela fait peser sur le développement économique et social du pays ?», a-t-il poursuivi. «Comment concevoir que l'instance souveraine du parti puisse délibérer en occultant la situation grave prévalant dans notre voisinage et dont l'une des conséquences se manifeste à travers des tentatives criminelles d'introduire des quantités énormes d'armement qui ont été interceptées grâce à la vigilance de notre Armée nationale populaire ?», s'est-il encore demandé.
BHL le sinistre Ahmed Ouyahia ne s'arrête pas à ce stade d'interrogation. Et pour la première fois, il cite le nom de Bernard-Henri Lévy, accusé d'avoir participé à la destruction de certains pays touchés par les révoltes de grande ampleur depuis 2011. En citant BHL, l'orateur a pointé du doigt ses «alliés» en Algérie, faisant allusion au mouvement conduit par Ferhat Mehenni. «Comment limiter cet évènement majeur dans la vie de notre parti à une simple opération électorale, alors que des tentatives de porter atteinte à l'unité nationale se manifestent de plus en plus, à travers un groupuscule local, dont les connexions extérieures viennent d'être confirmées par le sinistre Bernard-Henri Lévy qui a été à l'origine de la destruction d'un pays frère et voisin ?», lance Ouyahia devant les congressistes et les invités de son parti.
Le message décodé à Saâdani Le patron du RND a profité de la tribune pour adresser certains messages à son homologue du FLN, Amar Saâdani, qui, dans ses attaques à son encontre, est allé jusqu'à réclamer son départ de son poste de directeur de cabinet de Bouteflika «pour manque de loyauté». Ouyahia rappellera d'abord que le RND «demeurera sans aucun doute fidèle à son soutien» au chef de l'Etat et «sera aussi un appui loyal au gouvernement». Ensuite, il appellera à la construction de relations «plus fortes» et à des consultations «plus larges» avec les partis du pouvoir, le FLN en tête. «J'espère que ma formation politique pourra développer un effort avec les autres partis de la majorité présidentielle», a-t-il lancé au moment où Amar Saâdani est accusé de faire dans le zaïmisme en refusant une initiative du RND avant d'imposer la sienne. La pique d'Ouyahia peut être considérée comme un appel à la raison à l'égard du chef de l'ex-parti unique qui n'appréciera certainement pas la réussite du congrès du RND, encore moins le message de félicitations de Bouteflika (voir encadré). Et enfin, Ahmed Ouyahia a appelé à s'éloigner «du populisme et du dogmatisme paralysant». L'orateur a exprimé, en outre, le souhait de sa formation de travailler avec les partis de l'opposition «autour de tout projet ou initiative respectueuse de la Constitution et des institutions du pays».