Le club Inner Wheel Ajgou Alemmas a organisé avant-hier, à la salle de spectacles de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, une journée d'étude sur le trouble du spectre autistique (TSA) qui touche un enfant sur 100. Cette journée, qui a rassemblé des spécialistes du pays ainsi que d'autres étrangers de différentes disciplines; a connu un grand succès auprès du public venu en masse pour comprendre et apprendre. Lors de leurs interventions qui ont touché tous les points essentiels de ce trouble, les intervenants ont rappelé l'importance d'un diagnostic précoce qui facilitera la prise en charge de l'enfant qui «répondra facilement grâce à son cerveau en formation», comme ils ont tenu à préciser qu'il «n'est jamais trop tard pour aider son enfant». Le Dr Yasmina Belkahla du service pédo-psychiatrique de l'EHS de Chéraga a, lors de son intervention, souligné que «c'est un trouble qui touche plus de garçons que de filles», et qu'«un enfant sur 100 est touché aujourd'hui». Un enfant autiste est un enfant avec un comportement social difficile, que l'on peut qualifier d'indifférent. «C'est un enfant qui ne réagit pas vraiment à la présence ou à l'absence des parents, et cette indifférence dérange parfois ces derniers qui sont aussi souvent repoussés par l'enfant quand ils désirent lui faire des câlins», dira le Dr Mahieddine. Pour ce, les spécialistes insistent sur l'importance de la pluridisciplinarité de la prise en charge de l'enfant. Le Dr Iddir, doyen de la faculté des sciences humaines et sociales de l'université Mouloud-Mammeri, s'est étalé quant à lui sur la prise en charge psychologique des parents, comme il a tenu à préciser que devant les comportements difficiles de leurs enfants, le sentiment de ne savoir que faire pour les aider et les pressions qu'ils subissent poussent parfois les parents en désarroi à rechercher une prise en charge psychologique afin de les aider et les orienter. Parents désorientés Le public présent a aussi eu droit à la parole. Il a pu poser toutes les questions liées à ses inquiétudes et parfois ses désespoirs. L'intervention du parent d'un enfant autiste a beaucoup touché l'assistance. «Tout ce que vous dites est bien, mais sur le terrain, il n'y a rien», dira-t-il en s'adressant aux médecins, avant d'ajouter : «Mon enfant est autiste, je l'ai constaté quand il avait deux ans et demi. Cela fait cinq ans qu'il est pris en charge à l'hôpital psychiatrique d'Oued Aissi, mais au lieu de progresser, il a beaucoup régressé. Avant, il prononçait des mots à deux syllabes, aujourd'hui, il ne dit plus rien. Après avoir marché seul, qu'il tenait une cuillère pour manger, aujourd'hui mon enfant qui a huit ans ne peut plus rien faire seul», ajoutera-t-il, avant de demander désespérément si l'on peut encore prendre en charge son enfant. C'est le Dr Tabti, chef du service pédo-psychiatrique de l'EHS de Chéraga, qui a tenu à répondre à l'intervenant en affirmant qu'il n'est jamais mais trop tard. «Votre enfant est le bienvenu dans notre service, il y sera bien pris en charge, les présents m'en sont témoins». Une autre dame, médecin et mère d'un enfant autiste, dira avec émotion que grâce au diagnostic précoce, son enfant va très bien. «C'est un enfant très intelligent, surtout en mathématiques, mais on lui refuse toujours l'accès dans une classe normale». Le souhait des conférenciers, c'est de voir cette question de scolarisation prochainement réglée, «car il y a beaucoup de cas concernés». «Mon frère est un autiste âgé de 54 ans que nous n'avons pas pris en charge vu que jadis c'était un trouble inconnu. Peut-il aujourd'hui se marier ?», lancera une dame du fond de la salle. «Oui, bien sûr qu'il peut se marier !» a répondu Jean- Laurent Morel, psychologue au centre de l'autisme de Metz (France), avec qui l'EHS de Cheraga travaille en partenariat. Et le Dr Tabti de conclure : «Nous ne pouvons pas faire tout tous seuls, les parents doivent se rassembler». En guise de conclusion des débats, un court film sur l'intégration des autistes dans les milieux dits ordinaires, réalisé par Mme Ouali, présidente de l'Association nationale des enfants autistes (ANAA), a été diffusé.