Le baccalauréat est devenu un instrument de chantage pour déstabiliser non seulement l'école, mais aussi toute la société, vu les enjeux que représente cet examen. Ainsi tous les moyens ont été mobilisés pour passer cet «écueil». Cependant, la fuite à grande échelle de certains sujets du baccalauréat via les réseaux sociaux a faussé la donne. La fraude qui, il y a quelques années, était circonscrite à l'intérieur des classes d'examen et avec des astuces traditionnelles, est largement répandue et atteint une dimension alarmante avec la généralisation de l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication, dont la 3G et les réseaux sociaux. Cette situation a rendu la tâche ardue au département de Mme Benghebrit qui s'était engagée à redorer l'image du bac, à lui rendre sa crédibilité et garantir le principe d'égalité des chances. Pour ce faire, une série de mesures anti-triche ont été mises en place en collaboration avec plusieurs départements, dont celui de l'Intérieur et des Collectivités locales, la Justice et le département de la Poste et des nouvelles technologies de l'information et de communication. C'est grâce à cette collaboration que pas moins de quinze plates-formes d'échange ont été identifiées, ainsi que l'identité des auteurs du ces fraudes. «Les enquêtes diligentées immédiatement ainsi que les mesures élaborées selon des protocoles précis ont permis, notamment au centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique et cybercriminalité de la Gendarmerie nationale, d'identifier plus de 15 plates-formes d'échanges ainsi que les profils Facebook (150 identifiés, dont certains domiciliés à l'étranger». Des précisions apportées, jeudi soir, par le ministère de l'Education nationale via un communiqué. Les épreuves de cette année, ajoute le document, ont fait l'objet d'une série d'attaques informationnelles massives (faux sujets) sur internet, à travers des pages et sites sur les réseaux sociaux, avant, pendant et après les épreuves. Le ministère fait également état de la restriction des pratiques traditionnelles de triche et fraude dans les salles d'examen à concurrence de 20%, rapidement détectées par les acteurs de l'éducation : copiage, usage de documents miniaturisés, exclusion de fraudeurs -121 candidats pour usage des technologies de la communication (téléphone portable)- , sanctions contre les retardataires -907 cas, dont 728 candidats libres (80%) et 179 scolarisés (20%)-.
Le «niet» des parents Décider du sort de cet examen après les fuites massives des sujets a donné lieu à la tenue d'une réunion, jeudi, entre la ministre du secteur et les partenaires sociaux, dont le Snapest, Unpef, Satef, Snapep, CLA, le syndicat des corps communs SNCCOP et deux associations de parents d'élèves. L'évaluation de la situation et la suggestion de solutions concernant l'annulation des épreuves de cette session et la possibilité de les refaire étaient à l'ordre du jour de cette rencontre, achevée tard dans la soirée et qui a été sanctionnée par un communiqué commun. Dans ce document, les deux protagonistes ont dénoncé fermement ces fuites massives qu'ils considèrent comme des actes criminels, tout en manifestant leur soutien indéfectible à Mme Benghebrit qui œuvre à concrétiser le principe de l'égalité des chances pour tous les élèves. Comme ils exigent de la justice de divulguer la listes des auteurs de ces actes avec l'application de sanctions sévères à leur encontre. Alors que cette réunion s'est heurtée sur des divergences sur la question de refaire ou pas les épreuves du bac. C'est aux autorités supérieures de trancher cette question, se sont entendues, enfin, les parties réunies. Refaire le bac s'avèrera «nuisible» pour les parents d'élèves qui refusent cette proposition. «Je suis contre le fait de refaire le bac, que ce soit complètement ou partiellement», conteste Khaled Ahmed, président de l'Association des parents d'élèves (APE). Selon lui, dans tous les cas, la crédibilité est atteinte, alors ça ne sert à rien de le refaire. Et puis, cette opération demande des sommes colossales. A l'inverse, des syndicats dont le Snapest, le Snccop étaient favorables pour refaire cet examen, mais de manière partielle, c'est-à-dire dans les matières où les sujets ont fait l'objet de fuites. Pour eux, corriger des copies «fraudées» est inacceptable.