Une première en Algérie. Les internautes ont été privés subitement de facebook, d'instagram et de twitter. L'accès aux réseaux sociaux a été bloqué «sans préavis» par les autorités, depuis samedi soir, la veille des examens de la session spéciale du concours du baccalauréat 2016. Même Viber et Skype ont été également verrouillés par ce dispositif mis en place par le gouvernement pour contrecarrer toute tentative de triche et de fraude lors de ces épreuves du baccalauréat. L'accès au moteur de recherche le plus fréquenté dans le monde, à savoir Google, a été également fortement perturbé. Seul Youtube est resté encore accessible dans la nuit de samedi à dimanche en Algérie. Cette coupure a touché également le réseau de la 3G. Il n'est plus possible de l'utiliser pour se connecter aux divers réseaux sociaux. Pour la première fois, les autorités algériennes filtrent les réseaux sociaux et des moteurs de recherche. Ce dispositif a suscité de nombreuses inquiétudes au sein de la population qui ne comprend nullement le caractère radical de cette décision politique. Celle-ci démontre enfin qu'internet peut être sévèrement contrôlé par le pouvoir politique. «Cette coupure des réseaux sociaux est en relation directe avec les examens partiels du baccalauréat qui débuteront aujourd'hui dimanche», a expliqué samedi à l'APS une source du secteur de la poste et des télécommunications. Cette décision a été prise «surtout pour protéger les candidats au baccalauréat de la publication de faux sujets de cet examen sur ces réseaux», a ajouté la même source. Faux ou vrais sujets, il est regrettable que les auteurs de cette décision n'ont pas suffisamment pris en compte les dégâts financiers qui seront occasionnés aux start-up et entreprises algériennes qui développent des activités rémunératrices et génératrices d'emplois sur ces réseaux mais aussi au commun des abonnés à internet qui payeront les frais de cette «précipitation». Malgré les dispositions prises pour éviter les fuites, les autorités semblent convaincues que «des parties» diffuseront de faux sujets pour perturber l'examen. Ce dispositif a été mis en place par plusieurs institutions dont le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, le ministère de l'Education nationale, la gendarmerie, les opérateurs de téléphonie mobile et l'ARPT. Mais cette mesure suffira-t-elle pour éviter la triche ? Des internautes ont pu contourner les réseaux sociaux grâce à des applications mobiles telles que VPN ou Psiphon. Celles-ci permettent de déjouer la censure à laquelle des millions d'utilisateurs font face. Ces applications garantissent l'accès via les réseaux de proxy à n'importe quel site web, sans courir le risque que l'identité de l'internaute soit révélée.
Les syndicats s'indignent ! Pour leur part, les syndicats de l'éducation condamnent cette démarche jugée «grave» et «honteuse». «C'est malheureux pour notre pays. Cette situation prouve que nous sommes incapables d'organiser un examen en toute sécurité», regrette le chargé de communication du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (Snapap), Nabil Fergani. Notre interlocuteur a mis l'accent sur la nécessité de trouver des solutions durables au phénomène de la fuite des sujets du bac. «Priver toute une population d'internet n'est pas la solution. Il est impératif de s'attaquer à la source du problème pour arrêter la triche qui nuit à la crédibilité du bac», a-t-il appelé. Selon lui, plusieurs candidats libres ne se sont pas présentés à l'examen. «Nous avons fait le tour des centres d'examen et la majorité des classes étaient vides», a-t-il déploré. De son côté, le porte-parole du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Unpef), Boualem Amoura, estime que le gouvernement n'avait pas d'autre choix que d'appliquer des mesures extrêmes pour éviter la fuite des sujets. Mais, souligne-t-il, cette mesure doit rester temporaire. Selon lui, les syndicats du secteur vont soumettre prochainement à la ministre de l'Education des propositions pour la réforme du bac. Parmi celles-ci, figure l'impression des sujets principaux le jour-même des épreuves au niveau des centres d'examen.