C'est avec une rare virulence que le Front des forces socialistes (FFS) s'est attaqué au pouvoir, l'accusant de ne penser qu'à sa propre survie alors que l'Algérie vit une situation catastrophique. «Les conséquences de la crise fonctionnelle et multidimensionnelle qui frappe le pays sont désormais visibles, menacent le présent et le futur des Algériennes et des Algériens, particulièrement les couches les plus pauvres de la société», a déclaré, hier, Abdelmalek Bouchafa. Dans un discours prononcé à l'ouverture des travaux du congrès fédéral de la wilaya de Béjaïa, le premier secrétaire national du FFS n'a pas été tendre envers le pouvoir et le régime en place de manière générale. Pour lui, «les discours populistes et les politiques à sens unique et autoritaires du pouvoir, constituent un danger sur l'Etat-nation». Allusion, sans doute, au dernier message du chef de l'Etat, à l'occasion du 5 Juillet, défendant son bilan. Sur la fête de l'Indépendance justement, Bouchafa fera remarquer que sa célébration s'est faite «alors que les Algériens vivent, malheureusement, dans un pays sans projet uni, sans vision partagée et sans volonté politique à trouver des solutions à la crise». Estimant «inutile» de verser dans la critique insensée, le premier secrétaire national du FFS constate que «les rêves des martyrs de la glorieuse Révolution se sont évaporés, tandis que ceux de nos enfants deviennent impossibles à réaliser». «Nous vivons une situation catastrophique», assène Abdelmalek Bouchafa. Et d'accuser : «Malheureusement, le seul souci du pouvoir, à présent, est de garantir la succession dans le cadre de la continuité du régime». Une virulence que le FFS a retrouvée depuis quelques mois, après avoir compris que le pouvoir lui vendait finalement du vent en lui faisant croire qu'il allait participer à sa conférence nationale pour la reconstruction du consensus. Un projet qui peine à se concrétiser. Majorité instrumentalisée Pour argumenter son réquisitoire, Bouchafa qui fait sa seconde apparition rappelle que «malgré leur sensibilité politique et économique, le pouvoir a fait passer précipitamment plusieurs projets de lois, en l'espace de trois jours seulement». On l'aura compris, il s'agit des projets de lois relatifs au régime électoral, à la Haute instance de surveillance des élections, au devoir de réserve aux officiers de l'armée à la retraite et au code de l'investissement, votés à l'APN en l'absence des partis de l'opposition qui ont boycotté la séance. Ce qui prouve, poursuit l'hôte de la ville de Béjaïa, «la réalité» du régime. «Un régime antipluraliste, anticonstitutionnel, antidémocratique, dictatorial et autoritaire», fustige-t-il encore. Avant de pointer du doigt «l'instrumentalisation arbitraire de la majorité parlementaire que lui-même choisit». Pour le premier secrétaire national du FFS, la majorité FLN-RND «ressemble à des armes de répression, de destruction massive qui brisent le principe de séparation des pouvoirs, la démocratie et l'économie nationale». De ce constat amer, le FFS reste convaincu que l'alternative pour laquelle il milite, «la reconstruction du consensus», en l'occurrence, «s'impose plus que jamais comme seule et unique solution pour une sortie de la crise complexe et multidimensionnelle que vit le pays», défend enfin Bouchafa. Sa conviction est même renforcée «surtout après l'échec déclaré des initiatives proposées sur la scène», dit-il, dans une pique, on ne peut plus claire, à la CLTD qui a montré ses limites, perdant même un de ses membres, Jil Jadid.