En dépit des assurances des pouvoirs publics, la frénésie des achats s'empare des citoyens, à quelques heures de la fête de l'Aïd El Adha. Comme à l'accoutumée, les Algériens, à travers tout le territoire national, semblent n'accorder aucune confiance aux assurances des autorités qui promettent de mettre en place tous les moyens pour éviter une quelconque pénurie en alimentation, en liquidités et en carburant. En effet, Naftal avait, il y a quelques jours, affirmé que les stations-services seront suffisamment alimentées en carburant pour répondre aux besoins des automobilistes, tout au long des deux prochains jours fériés. Cela a-t-il empêché les files d'attente de plusieurs mètres devant les stations d'essence ? visiblement non. Hier, à Alger, les pompes à essence étaient prises d'assaut par les citoyens venus faire le plein avant l'Aïd. «J'ai peur de tomber en panne d'essence le jour de l'Aïd et le lendemain», lance un automobiliste qui confie pourtant ne pas avoir programmé de sortir de la wilaya d'Alger pour ces deux jours fériés. «Je fais le plein au cas où», enchaîne-t-il. C'est également le cas de plusieurs autres clients de Naftal qui accourent vers les stations à la veille de cette fête religieuse. «Nous avons pendant très longtemps subi des pénuries durant les jours fériés, du coup, qu'on nous rassure ou pas, ce réflexe de prendre d'assaut les stations et les marchés sera toujours ancré dans nos mentalités», avoue un autre automobiliste dans la station de Saïd-Hamdine. Même topo dans les agences postales. Si tous les guichets étaient quasiment fonctionnels, cette dernière semaine, les agences postales avaient du mal à répondre à l'afflux des clients. Hier à 10h30, on appelait le numéro 227, pendant que plus deux cents personnes attendaient leur tour. «D'habitude, les agences connaissent une grande affluence au début du mois, soit au plus tard le 5 de chaque mois et la fin du mois, à savoir le 20 et le 22. Ces dates représentent les périodes de virement des salariés et des retraités ainsi les pensions des moudjahidine. Sinon, pour le reste du mois, c'est plutôt calme», explique un guichetier. Mais exceptionnellement, ajoute-t-il, à chaque occasion, les Algériens viennent en masse retirer leur argent. «Ils sont pris de panique, ils retirent de l'argent même quand la fête ne coïncide pas avec les dates des virements précités», témoigne notre interlocuteur. Un état de fait observé, cette année encore, à quelques jours de la fête de l'Aïd El Adha, en dépit des déclarations des responsables de cet établissement public. Ces derniers avaient, rappelons-le, affirmé récemment, qu'à la veille de la rentrée sociale et en prévision de l'Aïd El Adha, Algérie Poste a pris des mesures «particulières» pour répondre à la forte demande des citoyens. S'agissant des effectifs au niveau des bureaux de poste, des instructions sont, ajoute-t-il, données à toutes les structures, pour renforcer les guichets des établissements postaux par la mobilisation de tous les responsables et les chargés de la clientèle. Algérie Poste a tenu à rassurer, également, les citoyens sur la disponibilité de liquidités au niveau de tous les établissements postaux. A ce propos, lors de notre tournée d'hier, des citoyens se sont lamentés face à la limitation de la somme autorisée pour les retraits. Devant les distributeurs automatiques, des clients d'Algérie Poste étaient surpris de découvrir qu'ils ne pouvaient retirer que 10 000 DA avec leur carte magnétique. Un autre argument pour justifier leur affolement.