L'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), a adopté, hier, lors d'une réunion au siège du parti Talaïe El Houriyet d'Ali Benflis, le mémorandum politique, dont l'élaboration a été décidée lors de la rencontre du 26 juillet dernier. Selon Ali Benflis, qui a présidé la réunion, ce document contient quatre messages politiques majeurs. Le premier est que les droits et les libertés sont toujours menacés, et que le régime politique en place en fait ce que bon lui semble. «Face à l'impasse politique dont il se contente de nier la réalité contre toute évidence, face à la crise économique à laquelle il n'a toujours pas pu apporter un début de réponse et face aux perspectives d'une déstabilisation sociale qu'il ne sait comment conjurer, le régime politique en place opte pour ce qu'il sait faire le mieux : faire taire toute voix qui lui attribue la première responsabilité dans cette situation, et qui lui signifie qu'il n'est pas le mieux placé pour en sortir le pays», a-t-il lancé. Le second message véhiculé par le mémorandum est que le régime politique en place entend continuer sa gestion hégémonique du champ politique, et qu'il n'en accepte que la configuration qui lui assure une emprise totale sur tous les segments de la vie politique nationale. «Son troisième message, a-t-il poursuivi, est que la fin de la tricherie politique et de la fraude électorale n'est toujours pas à l'ordre du jour du régime politique en place». Il affirme que la tricherie politique et la fraude électorale sont la bouffée d'oxygène du régime politique, sans lesquelles, il ne peut vivre et durer. Le dernier message du document est que l'édification de l'Etat de droit n'avance pas, elle recule. Délabrement... Dans son intervention, l'ancien chef du gouvernement a évoqué un climat malsain, dans lequel se préparent les prochaines élections législatives, estimant que la fraude électorale sera reconduite. Il estimera que la problématique posée par les partis de l'opposition, relative à la participation et au boycott du scrutin, renseigne sur «l'état de délabrement atteint par notre système politique». «Dans les Etats démocratiques, une telle question ne se poserait même pas. Elle se pose dans notre pays, parce que nous savons que notre système politique est bâti sur la tricherie politique et la fraude électorale, que le suffrage universel n'y sert que de faire valoir et que le verdict des urnes est supplanté par la politique des quotas électoraux, que l'appareil politico-administratif détermine à sa guise et par lesquels il favorise qui il veut et sanctionne qui il veut», a-t-il expliqué. Pour lui, les prochaines élections législatives ne devraient pas être érigées en objet de fixation, et ne devraient pas se voir accorder toute cette attention qu'elles ne méritent pas. «Des institutions illégitimes vont venir succéder à d'autres institutions illégitimes, dans l'indifférence et le désintérêt de nos concitoyennes et de nos concitoyens», prévoit-t-il, laissant entendre que sa formation optera pour le boycott. Et pour cause. Ali Benflis a soutenu que l'avenir du pays ne se jouera pas sur ces échéances électorales. Bien au contraire. «Il se jouera sur un changement beaucoup plus profond, et ce changement profond se retrouve dans la cause du changement démocratique qui nous rassemble», a-t-il lancé à ses collègues, au sein de l'ICSO. Cela avant de répliquer, en guise de conclusion, à ceux qui diabolisent l'opposition. «L'opposition algérienne, au sein de l'ICSO ou à l'extérieur, n'est pas une opposition armée ou une opposition qui travaille dans la clandestinité. C'est une opposition responsable, attachée à la stabilité, la sécurité et le développement de l'Algérie. Mais on ne veut pas être de faux témoins…», a-t-il dit. Participation aux législatives: Les partis souverains A l'issue de la réunion de l'Icso, le président de Talaïe El Houryat, Ali Benflis, a animé un point de presse dans lequel il a parlé du mémorandum politique de l'opposition et des prochaines élections législatives. Il a fait savoir que les partis membres de l'Icso ne sont pas tenus de suivre une position commune. «L'Icso n'intervient pas dans les décisions souveraines des partis. C'est à chacun d'eux de prendre sa décision», a-t-il dit, ajoutant que les membres de l'instance sont unanimes sur le fait que les lois qui président à ces élections ne peuvent changer les choses mais approfondiront davantage la crise que traverse le pays. Pour lui, la nouvelle loi électorale est contraire au principe du multipartisme. Il a affirmé que le mémorandum politique démontre les dangers sur le multipartisme et les libertés individuelles et collectives. Pour lui, la nouvelle Constitution n'a pas ramené de nouveau, comme prétendu par le régime politique, mais a verrouillé les libertés.