A quelques mois des échéances électorales, la scène politique rompt avec une longue léthargie et promet une animation qui va aller crescendo à mesure que les joutes des législatives approchent. La dernière sortie médiatique de Amar Saâdani a d'ores et déjà planté le décor. Tous les coups seront-ils permis ? Tout porte à croire que oui. Ce rendez-vous électoral constitue, en tout cas, un véritable test pour la plupart des partis politiques, mais pas que. Les pouvoirs publics n'auront pas le droit à l'erreur. Ils seront eux aussi confrontés à un examen décisif. Réussir ce rendez-vous est pour le pouvoir en place une condition presque de «survie». Il n'est pas question pour lui que les législatives soient entachés de quelque manière que ce soit. Et les multiples assurances adressées à la classe politique, en mettant en place une commission de surveillance des élections, quoi que «fait maison», s'apparente à une volonté franche de donner des gages de crédibilité, mais surtout de passer à une nouvelle étape dans l'organisation de la vie politique en Algérie. «Le système politique algérien est en train de se chercher un équilibre à moyen terme en impliquant toutes les forces politiques dans son jeu. La crise battant son plein, il ne peut plus se permettre le luxe de gérer le pays en solo», analyse un haut cadre de l'Etat qui estime qu'«il s'agit ici d'une forme de normalisation en sourdine imposée par le pouvoir. Il a besoin d'élargir sa base sociale quitte à ce que ses options soient rejetées par l'opposition légale (parlementaire). Ceci sera interprété par l'opinion, nationale et internationale, comme étant une évolution du système politique algérien. Les partis qui adhéreront à cette démarche seront tolérés par le système, ils seront même boostés probablement», estime-il encore. Du côté des partis de l'opposition qui se sont déjà prononcés en faveur de la participation, les enjeux et les motivations de chacun semblent clairs. En l'absence d'une véritable culture politique, de débats et d'espaces autonomes, la plupart des partis se limiteront à réoccuper le terrain et renouveler leurs ancrages dans la société. Mohcine Belabbes, président du parti du RCD, est on ne peut plus clair. «Dans une situation normale, un parti ne se pose pas la question de participer ou non à un scrutin. Il se pose la question des moyens dont il dispose pour couvrir ou non les circonscriptions électorales et, bien sûr, les propositions à défendre ou les alliances à contracter», a-t-il dit lors du conseil national du parti, réuni en session ordinaire, et qui s'est prononcé, à la majorité écrasante, pour la participation aux élections législatives qui auront lieu le printemps prochain. Il faut dire aussi, au regard de la nouvelle loi électorale qui rend l'option de la non-participation désuète, en cela que le boycott n'est plus à considérer comme étant un levier de pression politique, le choix du boycott n'est plus un luxe tant l'enjeu est devenu la survie. Le FFS est d'autres partis qui ne se sont pas encore prononcés s'inscrivent également dans cette démarche toute dictée par un code électoral contraignant. Pour ce qui est des islamistes, dont le plus en vue, le MSP, ils se dirigent sans doute vers une participation, même si certains préfèrent maintenir le suspens en se référant d'abord à une large consultation de leurs bases avant de se prononcer. Abderrezak Makri, président du MSP, a affirmé qu'il préfère attendre la réunion du Madjliss Echoura programmée pour décembre. «Si le mouvement venait à confirmer sa participation à cette échéance électorale, cela voudrait dire qu'un consensus aura été atteint au sein des structures du parti», s'est-il limité de dire. Seule véritable inconnue, le cas Benflis. Pour lui, la priorité demeure le changement et la «transition démocratique». L'ancien chef de gouvernement a évoqué, lors de la dernière réunion de l'Icso, «un climat malsain dans lequel se préparent les prochaines élections législatives, estimant que la fraude électorale sera reconduite».