Ce gouvernement "d'unité nationale", M. Makri voudrait le voir formé principalement par les partis majoritaires au Parlement, même s'il ne ferme pas la porte à ceux qui auront échoué aux élections, voire ceux qui opteront pour le boycott. Le Mouvement de la société pour la paix, (MSP) est face à un choix cornélien : le parti est ballotté entre rester dans l'opposition ou intégrer éventuellement un gouvernement "d'unité nationale" qu'il a d'ailleurs lui-même réclamé. De même qu'il aura à faire le choix déterminant de participer ou pas aux prochaines échéances électorales, les législatives, notamment. Son président, Abderrezak Makri, s'est exprimé sur ces questions, hier en marge de la cérémonie de clôture de l'université d'été de son parti. Makri a, une fois de plus, répondu diplomatiquement, en affirmant qu'aucune décision n'est encore prise. Il déclare, néanmoins, que le MSP est "prêt à s'adapter à tous les scénarios possibles". Le parti d'Abderrezak Makri a-t-il eu à négocier quelque chose avec le pouvoir en prévision des futures législatives, notamment une éventuelle intégration d'un gouvernement "d'unité nationale", s'il venait à être constitué ? "Jamais !", répond M. Makri à cette question de Liberté, en expliquant que l'option d'un gouvernement "d'unité nationale" ne saurait être la revendication de toute l'opposition et qu'elle constituerait l'esprit même de la plateforme de Mazafran. Cette plateforme, rappelons-le, a été mise en place à l'issue du sommet des partis et personnalités politiques tenu le 10 juin 2014 à l'hôtel Mazafran de Zéralda, à l'est d'Alger. Pour lui, il ne peut y avoir de transition démocratique sans un consensus national entre les partis politiques de l'opposition et le pouvoir. Lequel consensus, a-t-il ajouté, doit inéluctablement aboutir à la formation d'un gouvernement "d'unité nationale". Ce gouvernement, M. Makri voudrait le voir formé principalement par les partis majoritaires au Parlement, même s'il ne ferme pas la porte à ceux qui auront échoué aux élections, voire ceux qui opteront pour le boycott. "Aujourd'hui, nous ne sommes pas dans la logique de prise de pouvoir, mais plutôt dans celle de trouver un consensus pour permettre une transition démocratique ; c'est une logique d'intérêt général", a-t-il souligné. "Vous n'allez pas me dire qu'un parti politique, même quand il gagne aux élections, ne prétendrait pas à prendre le pouvoir", a-t-il rappelé, à juste titre, non sans conditionner, toutefois, la constitution de ce gouvernement "d'unité nationale" souhaité par l'organisation d'élections transparentes et libres. S'il ne peut ainsi dissimuler son ambition de prendre part aux prochaines législatives, le chef du MSP juge, en revanche, que le boycott massif de cette échéance constituerait également une bonne option, voire un "acte historique", pour jeter davantage le discrédit sur le pouvoir en place. "Si tous les partis politiques (de l'opposition) décident d'un boycott général, c'est-à-dire un boycott qui empêchera ainsi le pouvoir d'user une fois de plus de ses manigances pour dessiner une nouvelle carte politique, ce sera vraiment un acte historique que nous devons considérer", s'est-il défendu, réaffirmant au passage son soutien à ses alliés au sein de la Cltd et de l'Icso, notamment les chefs du RCD et de Talaie El-Houriat, Mohcine Belabbas et Ali Benflis, pour avoir déjà lancé un appel dans ce sens. En attendant, M. Makri, qui ne s'emballe pas outre mesure, préfère à présent se concentrer sur les activités de son parti, d'autant plus que la décision de la participation ou non aux prochaines législatives, relève des prérogatives du majliss echoura, instance suprême du MSP entre deux congrès. Le suspense sera maintenu jusqu'à décembre prochain, échéancier fixé pour trancher définitivement cette question. Farid Abdeladim