La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, n'est pas de ceux qui applaudissent la rencontre gouvernement-walis, tenue les 12 et 13 du mois en cours. «C'est une réunion pour décréter la dissolution des missions de l'Etat», a-t-elle lancé hier, à l'occasion d'une réunion du bureau politique de sa formation en son siège à Alger. Pour elle, demander à un P/APC de se débrouiller pour trouver des sources de financement de sa localité est une «destruction de la structure de base de l'Etat» qui est la commune. Pire encore, la patronne du PT estime que cette réunion et ses résultats détruisent «la République et sa continuité». Dans sa très longue intervention, Louisa Hanoune a fait un procès en règle contre le système politique et le gouvernement accusé «d'avoir déclaré la guerre au peuple». «On a cru que le changement intervenu à la tête du FLN traduisait une prise de conscience quant à la situation dangereuse du pays. Mais malheureusement, on enregistre une accélération de processus assassins à cause des politiques destructrices élaborées par le gouvernement qui a tourné le dos à la majorité du peuple et se met au service des multinationales et de la minorité», a-t-il accusé. Mme Hanoune estime que l'Algérie traverse la période la plus dangereuse depuis son indépendance. «Le pays est devant son sort», a-t-elleaffirmé, expliquant que cette conjoncture est plus grave que celle de la décennie noire. Elle explique que durant les années de terrorisme, conjugués aux pressions du FMI, l'Etat était soudé et le peuple s'était mobilisé pour sauver le pays. «Aujourd'hui, les politiques sont déterminées par les intérêts de cliques», a-t-elle regretté. Selon elle, «des patriotes existent au sein des institutions, mais, déplore-t-elle, ils sont opprimés et ils ne peuvent arrêter le fleuve en furie». Evoquant le projet de loi de finances 2017 qui achève, selon elle, ce qui est épargné par la loi de finances complémentaires 2015 et la loi de finances 2016, l'oratrice a soutenu que «le pays se dirige, depuis deux ans, vers la récession», à cause de la baisse de la consommation. Dans ce contexte, elle fait de sombres prévisions pour les années à venir : baisse de la consommation, réduction de la production par les entreprises et décompression d'effectifs à l'horizon. Aussi, a-t-elle cité le gel des projets, la réduction des budgets de fonctionnement et d'équipement, des crédits de paiement… à cause de la politique d'austérité. «C'est une guerre déclaré contre la majorité du peuple», a lâché Louisa Hanoune qui décèle, dans les décisions du gouvernement, «un coup d'arrêt à la croissance». Elle a accusé «aussi le gouvernement de ne pas vouloir combattre la corruption», soulignant que, selon ses informations, l'ancien ministre, Chakib Khelil, cité dans des affaires de corruption, «s'ingère dans les affaires du ministère de l'Energie». L'oratrice a estimé que les mesures d'austérité auraient pu être évitées si le gouvernement avait œuvré à recouvrer les impôts non payés, les droits de douanes, les crédits non remboursés et à instaurer un impôt sur la fortune. Dans ce cadre, Mme Hanoune a salué le RND qui a demandé, lui aussi, l'instauration de l'impôt sur la fortune ainsi que son refus de revenir à l'endettement extérieur. Elle a appelé le patron du parti, Ahmed Ouyahia, à adresser un rapport au président de la République à propos des binationaux qui se seraient enrichis illicitement, évoqué récemment par Ouyahia. Quant aux assurances avancées par les responsables relatives à la transparence des prochaines élections législatives, la patronne du pays affirme tout simplement qu'elle n'y croit pas. «On va croire aux intentions lorsque le gouvernement traitera le FLN de la même manière dont il traite les autres partis», a-t-elle dit.