Les violences faites aux femmes ne cessent de prendre de l'ampleur. Chaque année, les services de sécurité annoncent des chiffres de maltraitance à l'égard des femmes qui font froid dans le dos. Plus de 8000 femmes ont été victimes de toutes formes de violences depuis le début de l'année 2016, selon la Dgsn. Un constat alarmant bien qu'il ne reflète pas la réalité, vu que plusieurs victimes ont peur de déposer plainte contre un membre de leur famille. Mais pourquoi cette violence persiste-t-elle, alors que la loi visant à renforcer la protection des femmes a été adoptée ? Qu'a-t-elle apporté depuis son entrée en vigueur ? Rien. Absolument rien, selon Fadila Chitour, présidente du réseau Wassila. «Cette loi n'a rien changé. 9 mois après son adoption, les pratiques restent les mêmes au niveau de toutes les institutions. Les policiers et les gendarmes continuent à refuser de prendre les plaintes des femmes tandis que les médecins n'ont pas changé la manière de rédiger le certificat médical», a-t-elle dénoncé. Pour elle, c'est une réalité qui ne surprend pas, vu les conditions dans lesquelles cette loi a été adoptée. «Il y a eu un débat houleux à l'Assemblée populaire nationale et surtout le blocage du dossier par les sénateurs pendant de longs mois». «Pour nous, tant qu'il n'y a pas de textes d'application et de mesures réglementaires précises qui suivent ces textes de loi qui sont plus dans le principe que dans le détail de la réalité, il n'y aura pas de changement», assure Fadhila Chitour. Le seul point positif qui est relevé, selon notre interlocutrice, c'est la volonté des femmes victimes d'aller jusqu'au bout de leur plainte à condition qu'elles aient un soutien de la part des associations. La militante appelle à une sensibilisation massive pour la mise en place des textes d'application pour permettre à cette loi d'apporter ses bienfaits. Mme Chitour cite une autre loi qui est, elle aussi, restée lettre morte. Il s'agit du projet de création d'un fonds de pension pour les enfants des femmes divorcées. Publié en janvier 2015 au Journal officiel, ce texte fixe et codifie les procédures de bénéfice des redevances financières à destination des femmes divorcées exerçant le droit de garde. Celles-ci, comme le stipule cette nouvelle loi, bénéficieront d'une pension alimentaire en cas de manquement du débiteur. Seulement aujourd'hui, aucune femme n'a encore perçu ses allocations, selon Mme Chitour, qui regrette que cette loi soit tombée aux oubliettes comme celle incriminant les violences faites aux femmes. Pour rappel, la Dgsn a enregistré 8441 plaintes, dont 6080 physiques et 2026 de maltraitance durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Les cas de violence extrême à l'encontre des femmes font régulièrement la une des médias. Et en dépit de l'ampleur que prend ce fléau, les autorités demeurent laxistes et les lois peinent à être appliquées.