La directrice de la section de l'organisation internationale non gouvernementale Amnesty international, Hassina Oussedik, estime que les droits de l'homme sont en régression en Algérie. «Il y a une régression des droits de l'homme en Algérie mais aussi dans tous les pays du monde», a-t-elle déploré hier au siège de l'organisation, lors d'une conférence de presse tenue à l'occasion du 68e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme qui coïncide avec le 10 décembre de chaque année. «La situation des droits de l'homme dans le monde est en régression car les Etats ne respectent pas leurs engagements. Sous prétexte de la lutte contre le terrorisme, ils changent les lois. Ils veulent nous faire peur en disant que c'est pour notre sécurité», a-t-elle expliqué. Or, la conférencière soutient que la sécurité ne peut pas être assurée par la violation des droits humains. Dans ce contexte, la directrice d'Amnesty international Algérie a appelé le gouvernement algérien à libérer sans condition tous les détenus d'opinion dans le pays, que ce soit pour leurs opinions politiques ou leur appartenance religieuse, comme elle lui demande de protéger les subsahariens en situation irrégulière en Algérie, déplorant l'arrestation collective de ces derniers en vue de les renvoyer dans leurs pays respectifs. Pour Hassina Oussedik, l'Etat algérien «est obligé de protéger les migrants irréguliers et réfugiés qui ont fui leurs pays». Concernant les dernières interpellations des subsahariens, elle a indiqué qu'il s'agit d'une atteinte aux droits humains, estimant qu'il fallait traiter ces migrants au cas par cas. Pour améliorer la situation des droits de l'homme dans le pays, la conférencière a appelé l'Etat à lutter contre l'injustice, tout en soulignant que cette cause est l'affaire de tous. Jugeant anormal que certaines manifestations soient tolérées alors que d'autres sont réprimées, l'oratrice a plaidé pour l'élaboration de lois claires et transparentes qui s'appliquent de la même manière à tous. Elle regrette que des associations aient pu se conformer à la nouvelle loi sur les associations de 2012 au moment où d'autres, telles que son association, n'ont pu le faire malgré leurs demandes. «Il faut que l'Etat algérien considère les associations des droits de l'homme comme des partenaires», a-t-elle souhaité. Sur un autre plan, Hassina Oussedik a indiqué que les militants et militantes d'Amnesty International Algérie se mobilisent en faveur des victimes de l'injustice dans le cadre du Marathon des Lettres «Ecrire pour les Droits», en faveur de personnes emprisonnées, persécutées et torturées pour avoir exprimé leurs opinions. Ils rejoignent des centaines de milliers de personnes à travers le monde pour faire signer le maximum de pétitions en faveur de Shawkan, photojournaliste égyptien emprisonné pour avoir pris des photos, Eren Keskin, avocate turque qui risque la prison pour avoir dénoncé l'injustice, Edward Snowden, lanceur d'alerte américaine menacé de prison pour avoir révélé les programmes de surveillance de masse et Bayram et Gyasjeunes, azerbaidjanais incarcérés pour un graffiti, et Ivo étudiant camerounais qui risque 20 ans de prison pour un SMS. Elle a annoncé que des activités seront organisées dans plus de 20 wilayas, notamment dans les universités, les résidences universitaires et autres lieux publics pour mobiliser et sensibiliser le maximum de personnes. Elle a appelé les Algériens à exprimer leur solidarité et contribuer à changer la vie de ces militants. Selon elle, en 2015, grâce à une mobilisation dans plus de 200 pays et territoires, «nous avons réussi à récolter plus de 3,7 millions de signatures et messages de solidarité, dont plus de 53 000 en Algérie, et libérer plusieurs personnes».