Après les fusions organiques auxquelles on assiste et qui dessinent désormais deux pôles de la mouvance islamiste, FJD-Ennahda-El-Binaa, d'un côté, et MSP-FC, de l'autre, la préoccupation est déjà à la recherche de la rentabilité électorale, voire plus si affinités. Le Front de la justice et du développement (FJD) et les mouvements Ennahda et El Binaa, trois partis sur le point de finaliser une inédite fusion organique, devront bientôt rencontrer le Mouvement de la société pour la paix (MSP), dont les rangs seront incessamment, si ce n'est déjà le cas, élargis par la dissolution en son sein du Front du changement (FC) du dissident-revenant Abdelmadjid Menasra. Dans une déclaration à Liberté, le président du MSP, Abderrezak Makri, a affirmé avoir reçu, jeudi dernier, une lettre signée par Abdallah Djaballah (FJD), Mohamed Douibi (Ennahda) et Ahmed Dane (El Binaa), qui demandent à le rencontrer dans les prochains jours. "La lettre ne précise pas l'objet de la rencontre souhaitée. Nous attendons donc de les recevoir pour voir sur quoi porteront les discussions", s'est-il contenté d'indiquer. Mais à la question de savoir si cette initiative ne s'inscrirait pas dans le cadre des élections législatives du printemps 2017, Abderrezak Makri a souligné que "son parti reste toujours ouvert à une alliance électorale, si jamais il y avait une proposition dans ce sens". De son côté, le secrétaire général du mouvement Ennahda, Mohamed Douibi, contacté à son tour par nos soins, s'est voulu beaucoup plus explicite. Ce dernier affirme que l'objet de la rencontre souhaitée portera effectivement sur les prochaines échéances électorales. "Nous avons demandé à rencontrer Abderrezak Makri, mais comme le MSP devait tenir son majlis echoura, nous attendons donc de trouver une date qui nous arrange tous pour nous réunir", a-t-il fait savoir. Ainsi, après les fusions organiques auxquelles on assiste et qui dessinent désormais deux pôles de la mouvance islamiste, FJD-Ennahda-El Binaa, d'un côté, et MSP-FC, de l'autre, la préoccupation est déjà à la recherche de la rentabilité électorale, voire plus si affinités. Le rapprochement entre les deux entités s'inscrirait, en effet, dans la perspective de constituer, dans un premier temps, un front commun lors des élections législatives du printemps 2017. Mohamed Douibi ne cache pas d'ailleurs cette ambition : "Contrairement aux législatives de 2012, nous souhaitons, cette fois-ci, aller vers une alliance plus élargie que celle de l'Algérie Verte." Et à la question de savoir s'il ne s'agirait pas justement de constituer un front commun de la mouvance islamiste pour faire le poids face aux partis majoritaires au pouvoir, en l'occurrence le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), Mohamed Douibi n'écarte pas cette possibilité. "À notre niveau, l'équation politique reste ouverte", a-t-il précisé. Ainsi donc, le schéma se précise et la volonté des différents partis d'obédience islamiste d'aller ensemble à l'assaut de la majorité des sièges de la future Assemblée populaire nationale (APN) se précise. Les vieilles querelles, notamment la question de leadership qui avait fait échouer pendant l'été 2015 la tentative d'Abdallah Djaballah de rassembler la mouvance islamiste, semblent aujourd'hui être dépassées. Calculs électoraux obligent, les partis de la mouvance islamiste ont compris qu'ils devaient d'abord s'unir pour arriver au pouvoir. Un schéma qu'ils semblent dessiner, petit à petit, et sans grande difficulté, face à un pouvoir qui ne disposerait plus des outils les ayant maintenus pendant longtemps divisés. Mehdi Mehenni