Le ministère de la Jeunesse et des Sports aurait gagné à faire voter les bilans à bulletin secret comme le stipule le décret 14-330. En visite de travail dans la wilaya d'Alger ce samedi, le ministre de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, en a profité, lors d'une déclaration faite à la presse, d'évoquer les assemblées générales des fédérations sportives qui se déroulent en ce moment. Il a, d'abord, répondu sur une question relative à la Fédération de football, indiquant que le président de celle-ci «doit rendre des comptes aux pouvoirs publics, notamment après la mauvaise participation de l'équipe nationale à la CAN 2017». Il s'est, ensuite, exprimé sur le renouvellement des instances sportives, affirmant que «celui qui a échoué doit partir». Ces deux déclarations se veulent être démonstratives de la volonté du MJS d'être celui par qui doivent passer tous les contrôles des instances sportives. C'est un fait, l'Etat attribue des subventions annuelles aux fédérations sportives, subventions que le MJS distribue aux fédérations sportives en fonction d'un contrat-programme. Il est tout à fait normal que ce ministère cherche à connaître comment cet argent a été utilisé. C'est une mission que lui reconnaissent le Comité international olympique et toutes les fédérations sportives internationales. Il s'agit d'argent public que chaque instance se doit d'en justifier l'utilisation. L'AG a besoin de plus de pouvoir Le problème, et nous l'avions évoqué dans une de nos précédentes contributions, c'est qu'avant de passer au MJS, les comptes de la fédération ainsi que la réalisation de son contrat-programme sont passés en revue par l'assemblée générale de cette instance. Une assemblée générale souveraine, dont les votes ne peuvent pas être remis en cause par quiconque, sous peine de voir la fédération internationale concernée intervenir. Avant de songer à étudier les comptes d'une fédération sportive, le MJS aurait gagné à faire appliquer la disposition du décret 14-330 qui mentionne que les bilans moral et financier de chaque instance doivent être votés à bulletin secret et non à main levée comme cela se fait en ce moment. On aurait donné ainsi plus de pouvoir à l'AG sachant que chaque électeur vote en son âme et conscience, du moment qu'il sait que personne ne saura comment il a voté alors que si l'opération se fait à main levée, tout est faussé. Il est vrai, cependant, que le MJS a la latitude d'aller en justice si ses services de contrôle estiment qu'il y a des bilans dont les comptes sont anormaux. On ajoutera que jusqu'à présent, on n'a jamais entendu parler d'une assemblée générale où le bilan financier a donné lieu à des débats sur l'opportunité des dépenses. Des présidents de fédérations sportives ont, ainsi, abusé de voyages à l'étranger, utilisant sans se gêner l'argent de la subvention sans jamais être inquiétés puisque personne, dans l'assemblée générale, n'a le courage ou le cran, de lui demander pourquoi il a tant voyagé. Signalons, par ailleurs, que les services du MJS semblent mal placés pour juger de cette opportunité puisqu'on croit savoir, qu'avant de se déplacer à l'étranger, le président de la fédération demande et obtient l'autorisation de ces mêmes services. Si les votes des bilans se faisaient à bulletins secrets, le problème de ceux qui ont échoué ne se poserait pas et le ministre n'aurait pas à intervenir dans le débat. Mais, à partir du moment où l'AG a estimé, à main levée, que le bureau fédéral et son président ont fait du bon travail, pourquoi le ministre viendrait la contredire ? La FAF n'est pas au-dessus des textes S'agissant de Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football, le problème est le même. L'homme a été élu par une assemblée générale. Il revient à celle-ci le droit de juger son travail ainsi que la manière dont il a utilisé l'argent de cette instance. Raouraoua rend des comptes à ceux qui l'ont élu, c'est un fait indéniable. Toutefois, il n'a pas à dire qu'il ne doit le faire qu'à l'AG sous prétexte que la FAF ne prend plus de subvention de l'Etat. Oui, cette fédération active grâce à l'argent de ses sponsors et des instances sportives internationales (FIFA et CAF), mais il faut savoir que le sponsoring n'est qu'une forme d'aide indirecte de l'Etat du moment que les soutiens financiers d'une association sportive défalquent de leur déclaration fiscale annuelle le montant de cette aide. De toutes les manières, et cela se fait dans tous les pays du monde, il est normal que les pouvoirs publics enquêtent sur la manière dont une association, qu'elle soit sportive, caritative ou autre, utilise l'argent dont elle bénéficie. Une mission qui doit être acceptée par tous à la condition, bien sûr, qu'elle ne se fasse au nom d'un règlement de comptes.