Après une bataille juridique qui aura duré plus de deux ans, la justice britannique a enfin accepté d'extrader Abdelmoumen Rafik Khelifa et de le remettre aux autorités juridiques algériennes. Lors de la séance tenue jeudi après-midi au tribunal de Westminster, à Londres, la justice britannique a décidé d'extrader le golden boy vers l'Algérie. A l'issue de cette décision, le juge Timothy Workman a estimé que l'extradition de Khelifa «ne contrevenait pas à la convention internationale des droits de l'homme». Le juge s'est dit également «convaincu» que les assurances données par l'Algérie quant au respect des droits de M. Khelifa étaient «à la fois fiables et de bonne foi». Le ministère de la Justice algérien a indiqué dans un communiqué publié à la suite de la décision britannique que cette dernière «a été prise suite à une série de procédures qui ont abouti à l'annonce de l'acceptation de la demande algérienne en la forme et à l'examen ensuite de l'objet de la demande, la vérification des pièces à conviction, en s'assurant que les conditions qui garantissent un jugement équitable du concerné devant les tribunaux algériens sont réunies, et ce, au cours de nombreuses séances d'audition des témoins, d'experts et des plaidoiries des avocats». Pour rappel, la demande algérienne pour l'extradition de Khelifa est basée sur de nombreux documents relatifs à la falsification de l'hypothèque de la villa familiale et d'un local commercial jusqu'à la constitution du groupe Khalifa. Entre autres chefs d'inculpation, les cas de vols survenus au niveau des différentes agences d'El Khalifa Bank sur ordre de l'accusé lui-même, gestion anarchique et négligence ayant marqué les transferts de devises sous le couvert de diverses transactions qui étaient en réalité, selon la liste des chefs d'accusation, des détournements organisés. Jugé par le tribunal criminel de Blida et condamné par contumace à une peine de prison à perpétuité pour plusieurs crimes en relation avec la gestion d'El Khalifa Bank, Abdelmoumen Rafik Khelifa s'était ensuite réfugié au Royaume-Uni en 2003 où il fut arrêté le 27 mars 2007 dans le cadre d'un mandat d'arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre (banlieue parisienne). Le parquet de Nanterre avait, rappelle-t-on, ouvert fin 2003 une information judiciaire pour «abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée». Une autre demande d'extradition a été introduite par la France auprès de Londres mais son examen a été gelé, dans l'attente d'une décision définitive de la demande algérienne, qui prévaut à celle de Paris. L'avocate de M. Khelifa, Anna Rothwell, a immédiatement annoncé son intention de faire appel devant la haute cour de Londres, un processus qui devrait nécessiter de longs mois.