Le massif forestier de Tamgout, situé pour une grande partie dans la daïra d'Azeffoun, à 75 km au nord-est de Tizi Ouzou, ne cesse de se dégrader et de subir des agressions quotidiennement. Ce patrimoine forestier, qui a résisté au napalm de l'armée française durant la Révolution, risque de ne pas tenir face aux décharges sauvages implantées en plein milieu de cette forêt. Cette grave atteinte à l'environnement, dans ce lieu, considéré comme le poumon de toute la Kabylie maritime, est commis au vu et au su des autorités locales et wilayales. Cela, dans la mesure où le comité de village de Tifrit Nath El Hadj, n'a cessé de crier au scandale depuis des années et dénoncer cet état de fait. Les services de forêts de la wilaya, dont une antenne est installée à quelques encablures de là, n'ont pas bougé le petit doigt pour dénoncer cet état de fait. L'incivisme de certains citoyens et l'indifférence des autorités locales sont les principales causes de sa dégradation avancée. Mais force est de constater que dans cette région, ce sont les autorités, censées protéger ce patrimoine forestier inestimable, qui provoquent les plus gros dégâts. Il y a environ un an de cela, le président de l'APC d'Akerrou, située sur le flan sud du mont Tamgout, a décidé d'implanter une décharge sauvage au milieu de cette forêt. Des tonnes de détritus de toutes natures sont déversées quotidiennement à quelques encablures des habitations et des champs qui servent de potagers pour les villageois de Tifrit Nath Lhadj. La vaste forêt de chêne zen qui enveloppe le mont Tamgout, réputé par sa riche faune et flore, est devenue, depuis, une décharge à ciel ouvert. Ce triste état de fait menace d'extinction les espèces animales pourtant protégées par la loi, tels les chats sauvages, les singes magots et autres. «Avant, je ramenais mes chèvres et mes brebis dans cette forêt. Depuis l'installation de cette décharge sauvage, je n'ose même pas y passer à pieds, vu les odeurs nauséabondes qui s'y dégagent», raconte un villageois d'Akerrou, rencontré sur le chemin intercommunal qui traverse cette forêt, et menant vers la commune voisine d'Aghribs. Ce massif forestier qui s'étend sur 3 800 hectares est la proie, régulièrement, d'incendies en période estivale. Déjà en dégradation avancée par des incendies en été, et l'extraction de pieds-droits par des citoyens de la région, la décision d'installation de cette décharge sauvage par l'APC d'Akerrou amplifiera davantage les incendies. Ce qui entraînera inexorablement la disparition pure et simple de cette forêt, si rien n'est fait pour stopper cet élan destructeur. Mutisme des autorités locales Les citoyens de la commune d'Akerrou, à travers leur comité de village, ont interpellé plusieurs fois les autorités locales pour mettre fin à ce scandale, mais leurs doléances semblent tomber dans l'oreille d'un sourd. M. Kerbal Amar, le président du comité de village de Tifrit Nath Lhadj, confirme que l'instance qu'il dirige a saisi, à plusieurs reprises, les services de la mairie et des forêts pour délocaliser cette décharge et les sensibiliser sur les dangers qu'elle présente, mais cela reste sans succès. «Nous avons été, par le passé, jusqu'à fermer les sièges de la mairie et de la daïra, mais les autorités ne veulent pas prendre en considération nos requêtes», se désole-t-il. Joint au téléphone, le président de l'APC d'Akerrou, Mohamed Maoul, estime pour sa part que «la question des déchets est un problème général à la wilaya. Cette décharge est une solution provisoire, et elle ne va pas durer. Nous n'avons pas, pour l'instant, d'endroits où mettre nos ordures. Chaque deux semaines, nous envoyons une case pelleteuse pour enterrer les ordures», se défend-t-il.