Pour la première fois dans l'histoire des élections, le Conseil constitutionnel se trouve, selon Louisa Hanoune, contraint de statuer sur des recours introduits par les deux partis du pouvoir qui échangent les accusations de fraude. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) a qualifié d'«inédite» la situation dans laquelle se trouve actuellement l'institution de Mourad Medelci, appelée à traiter les recours concernant les résultats des dernières législatives. Intervenant hier à l'ouverture des travaux de la réunion du Bureau politique de son parti, Louisa Hanoune a attiré l'attention sur le fait que «c'est la première fois dans l'histoire que l'on assiste à des recours introduits par le FLN et le RND, l'un accusant l'autre de fraude massive». Révélant que le Conseil constitutionnel a reçu «près de 300 recours» de partis et de listes indépendantes, la patronne du PT s'est interrogée sur les suites qu'il donnera aux plaintes des deux formations politiques du pouvoir. Le scrutin du 4 mai dernier «a été entaché d'un bourrage d'urnes sans précédent et à travers tout le territoire national», dira-t-elle en substance, à tel point que les partis d'Ould Abbès et d'Ahmed Ouyahia, crédités respectivement de 164 et 100 sièges, «échangent les accusations». Mme Hanoune a, à l'occasion, présenté les chiffres auxquels a conclu son parti suivant les rapports et PV des wilayas. Ainsi, le taux de participation aux législatives «n'a pas dépassé les 20%», a-t-elle indiqué, tandis que «le nombre de votants a dépassé à peine 5.5 millions, et non pas 6.4 millions». «Le Conseil constitutionnel a donc été induit en erreur par le bourrage des urnes et le gonflage des chiffres», assène la première dame du PT. Et dans tous les cas de figure, le verdict du Conseil que préside Mourad Medelci «reflétera l'image d'un système périmé, sinon le contournement de sa chute irréversible et imminente», pense Hanoune, révélant que la majorité des bulletins nuls «représente le vote des militaires, ce qui est un précédent et un tournant qualitatif qui renvoie au rejet du régime et à l'instrumentalisation de l'institution militaire pour sa continuité». Pour une Assemblée constituante Le PT qui a déposé 25 recours auprès du Conseil constitutionnel considère «au regard du coup de force imposé», analyse sa SG, que la future APN «est porteuse des plus grands - à la brésilienne - dangers pour le pays». «Cette APN risque de démanteler les attributs de l'indépendance et les acquis socioéconomiques de 2009 et de 2010», avertit Louisa Hanoune, qui soutient les propos du ministre de la Justice, Tayeb Louh, à propos de l'immunité parlementaire. «Il faut une révision de la loi électorale pour barrer la route aux affairistes», a-t-elle plaidé. Mais, ce qui peut vraiment «ouvrir une véritable issue» à cette «impasse» et éviter à l'Algérie tous les dangers qui découlent des résultats des législatives d'où est issue une APN à 35% des suffrages, selon les chiffres officiels, «est l'organisation de nouvelles élections». Aux yeux de Hanoune, il y a lieu «d'organiser une autre consultation libre et transparente pour l'élection d'une Assemblée constituante». Une vieille revendication de beaucoup de partis de l'opposition, à l'instar du FFS, remisée au placard depuis quelques années. Sellal n'a pas sollicité le PT Le Parti des travailleurs (PT) n'a pas été contacté dans le cadre des consultations que mène le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en vue de la formation du futur gouvernement, avons-nous appris auprès d'une source de la même formation. «Jusqu'à présent, nous n'avons pas été approchés par le pouvoir», indique notre source qui assure que «même dans le cas où le parti est sollicité, il n'accepterait pas d'en faire partie, pour la simple raison qu'il y a des clients du système pour meubler la face». Le parti de Louisa Hanoune, qui n'a réussi à gagner que 11 sièges dans la future Assemblée nationale, a dénoncé «un bourrage des urnes et une fraude sans précédent» lors des législatives du 04 mai.