Le Parti des travailleurs (PT) accuse l'administration d'avoir fraudé en faveur du FLN lors des législatives du 4 mai dernier. Ayant obtenu seulement 11 sièges, selon les résultats provisoires confirmés par le Conseil constitutionnel, la formation de Louisa Hanoune continue de protester contre «le coup d'Etat» dont elle a été victime. «Le PT a été spolié de milliers de voix dans plusieurs wilayas», affirme la secrétaire générale du PT à l'ouverture, hier à Alger, des travaux de la réunion ordinaire du bureau politique du parti. Affirmant que sa formation a introduit 25 recours auprès du Conseil constitutionnel, Louisa Hanoune dénonce le chantage exercé sur les agents de l'administration pour favoriser l'ex-parti unique. «Les agents de l'administration se sont exécutés par peur de représailles», affirme-t-elle, précisant qu'un rapport détaillé sera adressé au ministère de l'Intérieur pour l'alerter sur cette situation. Rappelant que les deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, ont introduit des recours l'un contre l'autre, elle précise que le Conseil constitutionnel se retrouve devant une situation «similaire à celle de 1991». «Ces élections sont l'expression la plus violente de la crise qui secoue le système. Elles annoncent l'accélération des processus politiques et l'exacerbation des contradictions au sommet de l'Etat», lance-t-elle, soulignant que «le bourrage des urnes s'est fait au niveau national». Ce faisant, la patronne du PT estime que le Conseil constitutionnel «ne peut intervenir que dans de rares cas». «Des énormités dans les PV» Revenant sur la participation, Louisa Hanoune indique que selon les PV, «le taux n'a pas dépassé les 20%». «Nous avons découvert des énormités dans les procès-verbaux», dénonce-t-elle, précisant que «des dizaines de milliers de bulletins nuls appartiennent au PT et ont été déchirés par des encadreurs». «15 200 bulletins déchirés à Skikda. A Oran, 125 000 voix attribuées au FLN ne se trouvent pas dans les PV. C'est une opération commanditée contre nous», condamne-t-elle. Commentant le vote «blanc», Louisa Hanoune dira que celui-ci est majoritairement l'œuvre des militaires. «C'est un tournant qualitatif qui traduit que les éléments de l'ANP refusent ce régime et à ce que l'armée soit instrumentalisée (…) Une nouvelle situation s'ouvre. Cette attitude de l'armée fait partie des processus politiques qui sont pour le moment séparés, mais qui, à un moment donné, feront jonction avec les luttes sociales», souligne-t-elle. Evoquant le débat en cours sur la nécessaire révision de l'immunité parlementaire, la secrétaire générale du PT se montre favorable à cette option. «L'immunité qui permet au député de jouir de l'impunité est un grave dérive. Nous sommes d'accord pour y mettre terme (à cette dérive)», déclare-t-elle. Louisa Hanoune appelle aussi à «la mise en place d'un organe chargé de contrôler les biens des députés parmi les hommes d'affaires», suggérant «l'annulation des sièges de ces députés en cas de fausses déclarations concernant leurs biens».